HONG KONG (Reuters) - Les usagers des lignes du métro hongkongais ont été accueillis lundi par des policiers anti-émeutes, une scène qui illustre le climat tendu qui règne à Hong Kong après un week-end de manifestations, marqué par de nouveaux heurts entre contestataires et forces de l'ordre.
Les manifestants ont appelé lundi à une grève générale mais la ville semblait retrouver un calme relatif à l'heure de l'ouverture des magasins et des lignes ferroviaires.
Des milliers d'étudiants et de lycéens ont de leur côté décidé de ne pas rejoindre leurs établissements en ce jour de rentrée, un grand nombre d'entre eux se rassemblant devant l'Université chinoise de Hong Kong.
"Je suis venu dire aux autres que, même après les vacances d'été, nous ne reviendrons pas à notre vie normale, il faut continuer de se battre pour Hong Kong", a déclaré à Reuters un étudiant âgé de 19 ans qui témoignait sous le sceau de l'anonymat.
Dimanche, des milliers de manifestants pro-démocratie ont bloqué les routes et les transports publics menant à l'aéroport de Hong Kong. Les avions ont pu continuer à décoller et atterrir malgré des retards, mais la circulation ferroviaire a été suspendue et plusieurs routes ont été bloquées par des barricades érigées par les protestataires.
Vingt-cinq vols ont été annulés dimanche, ont indiqué les autorités aéroportuaires, ajoutant que les transports étaient en grande partie revenus à la normale.
Les militants pro-démocratie ne désarment pas en dépit des incidents de plus en plus nombreux en marge de leurs rassemblements et des menaces explicites de Pékin.
Samedi, de nouveaux heurts ont éclaté, la police répondant par des tirs de gaz lacrymogènes aux cocktails Molotov lancés par des manifestants. Les heurts se sont prolongés durant une grande partie de la nuit de samedi à dimanche.
Né en avril du rejet d'un projet de loi qui aurait permis l'extradition de suspects vers la Chine continentale, le mouvement de contestation s'est élargi à des revendications plus larges, dont la protection des libertés et de l'autonomie dont jouit l'ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
Nombre de Hongkongais estiment que ce régime particulier, résumé par la formule "un pays, deux systèmes", est aujourd'hui menacé par l'emprise croissante qu'exerce le gouvernement central chinois.
La contestation, qui pèse aussi sur l'activité économique du territoire, constitue un défi sans précédent pour le président chinois Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir, en 2012.
Pékin, qui accuse d'ingérence certaines puissances étrangères - en premier lieu les Etats-Unis - soupçonnées d'être instigatrices du mouvement de contestation, a prévenu qu'il pourrait intervenir pour mettre fin à la crise à Hong Kong si cela était nécessaire et le porte-parole du gouvernement chinois, Geng Shuang, a réaffirmé ce lundi le soutien de Pékin à Carrie Lam, la dirigeante de l'exécutif hongkongais.
(Farah Master, Jessie Pang et Twinnie Siu; Arthur Connan pour le service français)