Une semaine après les violences spectaculaires à Air France, cinq salariés de la compagnie aérienne ont été interpellés lundi matin, sur fond de reprise du dialogue entre la direction et les syndicats.
Quatre d'entre eux ont été arrêtés "sans incident" vers 06H00 à leur domicile, dans le Val-d'Oise, en Seine-et-Marne, dans les Yvelines et dans l'Aisne, a-t-on appris auprès du parquet de Bobigny et de sources policières. Un cinquième a été interpellé un peu plus tard.
Les cinq hommes placés en garde à vue travaillent dans la branche Cargo ou à Air France Industries, notamment comme magasiniers. Selon une source proche du dossier, certains ont un mandat syndical à la CGT.
Plusieurs centaines de salariés avaient fait irruption le 5 octobre dans les locaux de la compagnie à Roissy où se tenait un comité central d'entreprise (CCE) consacré à un plan de restructuration prévoyant 2.900 suppressions de postes.
Sous des cris "à poil, à poil", "démission", le directeur des ressources humaines Xavier Broseta s'est retrouvé torse nu, chemise déchirée, tentant d'échapper à la colère des salariés, tout comme son collègue Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long courrier. Les images des deux hommes, vêtements en lambeaux, escaladant un grillage de l'aéroport pour échapper aux manifestants avaient fait le tour du monde et suscité de nombreuses condamnations politiques, patronales et syndicales.
Au total, sept personnes avaient été blessées, dont une grièvement selon la direction.
Au moins dix plaintes ont été déposées: celles de six vigiles et trois cadres de l'entreprise pour des "violences" et celle d'Air France pour "entrave au CCE" et "dégradations". Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête, confiée à la police aux frontières, compétente en zone aéroportuaire.
Une enquête interne à la compagnie a également permis d'identifier une dizaine de salariés comme impliqués dans ces violences, assurait dès mercredi une source proche du dossier.
- Reprise du dialogue -
Parallèlement à ces interpellations, les premières notifications de sanctions devaient être envoyées lundi aux salariés identifiés comme ayant participé aux incidents, a affirmé à l'AFP une source proche du dossier, sans préciser le niveau de sanction. La direction d'Air France avait fait savoir que ces sanctions disciplinaires pourraient aller jusqu'au licenciement.
Le Premier ministre Manuel Valls avait dénoncé des "images qui font mal à notre pays" et promis des "sanctions lourdes" contre ceux qu'il a qualifié de "voyous". François Hollande avait lui condamné des violences "inacceptables" pouvant avoir des "conséquences sur l'image, sur l'attractivité" de la France. L'Etat possède 17% du capital d'Air France.
Après les images choc des incidents, la compagnie a lancé vendredi une campagne sur les réseaux sociaux, avec un clip montrant Xavier Broseta déclarant "ce que vous avez vu lundi, ce n'est pas le vrai visage d'Air France".
La direction a aussi renoué vendredi le dialogue avec les syndicats de pilotes au cours d'une réunion qui s’est "très bien passée", selon le SNPL, le principal syndicat. Cette semaine, elle va reprendre langue avec les autres organisations, à commencer lundi avec les stewards et hôtesses.
Ces rendez-vous constituent un premier pas avant une reprise des négociations pour éviter d'appliquer la totalité des 2.900 suppressions de postes.
Les négociations ont jusqu'à présent échoué sur la principale demande de la compagnie: faire voler les navigants une centaine d'heures de plus par an (+14% à 18% selon les vols), à salaire égal.