PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a fait son entrée au gouvernement comme ministre de l'Economie, mardi, à la place d'Arnaud Montebourg pour porter la politique de baisse du coût du travail de François Hollande.
Secrétaire général adjoint de l'Elysée chargé de la politique économique jusqu'à l'été, cet énarque âgé de 36 ans a largement contribué à bâtir cette politique, dont la contestation par Arnaud Montebourg a provoqué le remaniement.
Il avait quitté l'Elysée en expliquant que l'essentiel de l'agenda économique avait été fixé : le calendrier de redressement du déficit public et la politique de soutien à la compétitivité des entreprises, avec le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et le pacte de responsabilité.
Les idées qu'il exprimait à l'Elysée et les politiques qu'il a contribué à mettre en oeuvre tranchent avec la personnalité d'Arnaud Montebourg, qui fustigeait l'orthodoxie allemande et les patrons "voyous" et demandait d'aider davantage les ménages.
"Macron le libéral pour remplacer Montebourg = provocation dérisoire", a réagi le député socialiste "frondeur" Laurent Baumel sur Twitter après l'annonce de sa nomination.
Pour Julien Manceaux, économiste chez ING, "le nouveau ministre de l'Economie est assurément une confirmation des intentions de M. Hollande et un très bon signal pour les partenaires européens de la France".
"Cette décision montre clairement que l'aile droite du Parti socialiste est aussi capable de donner de la voix", ajoute-t-il.
HOMME DE CONFIANCE DU PRÉSIDENT
Selon l'entourage de François Hollande, "Macron a fait ses preuves à l'Elysée". "Il a eu à traiter des dossiers très sensibles politiquement, notamment le dossier Alstom, dans lequel il a joué un rôle clé."
"Il a une très bonne connaissance du monde de l'entreprise et notamment de l'industrie, il est jeune et, le plus important, il a toute la confiance du président", a-t-on ajouté.
Il partagera la tête de Bercy avec un autre homme de confiance de François Hollande, Michel Sapin, confirmé au ministère des Finances et des Comptes publics.
A l'Elysée, Emmanuel Macron était le point de contact entre les entreprises et la présidence de la République, contribuant à apaiser les tensions nées des hausses des prélèvements, dont la promesse de campagne de François Hollande de taxer à 75% les revenus au-dessus d'un million d'euros par an.
En quittant l'Elysée, il avait dit vouloir mener des projets personnels. Il avait été remplacé comme conseiller économique de la présidence par Laurence Boone, économiste chez Bank of America Merrill Lynch.
Diplômé de philosophie et de l'ENA, inspecteur des finances, Emmanuel Macron est proche de Jean-Pierre Jouyet, devenu secrétaire général de l'Elysée en avril dernier.
Un solide carnet d'adresses en poche, il avait participé à la commission Attali "pour la libération de la croissance française" mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Emmanuel Macron avait dit au quotidien Le Monde avoir choisi de quitter l'Elysée en concertation avec François Hollande : "Je suis venu pour une mission et un temps donnés et nous nous étions dit l'un et l'autre que c'était pour deux ans."
(Jean-Baptiste Vey, avec Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)