PARIS (Reuters) - Le Front national ne veut pas de Nadine Morano, au coeur d'une polémique pour ses propos sur la France "pays de race blanche" et sous le coup d'une sanction de son parti, Les Républicains.
"Mme Morano veut faire du buzz (...) Elle s'est pris les pieds dans le buzz", a ironisé la présidente du parti d'extrême droite, Marine Le Pen, sur Europe 1.
"Je n'ai aucune raison d'accueillir Nadine Morano qui appartient à un mouvement politique immigrationniste (...), qui a mis en oeuvre le communautarisme en France", a-t-elle ajouté.
Nicolas Sarkozy a demandé mercredi l'éviction de Nadine Morano de la campagne pour les régionales de décembre, une sanction qui devrait être entérinée.
Marine Le Pen a fait valoir que les propos de l'ancienne ministre UMP pouvaient être entendus "de manière blessante", notamment par les Français de l'Outre-mer.
Le vice-président du FN, Florian Philippot, a utilisé presque les mêmes mots, sur la chaîne parlementaire LCP, pour écarter tout idée d'accueillir Nadine Morano.
"Nous ne considérons pas que la France soit une race, bien évidemment", a-t-il tenu à préciser.
Interrogé par Le Parisien sur une éventuelle arrivée de l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy au FN, Florian Philippot avait déjà répondu : "Surtout pas !"
Quand au député apparenté FN Gilbert Collard, il a assuré sur iTELE qu'il n'était pas question que Nadine Morano "vienne se réfugier" au Rassemblement Bleu Marine, créé par Marine Le Pen pour accueillir des personnalités ne souhaitant pas entrer directement au FN.
"LEPÉNISATION DES ESPRITS"
Nadine Morano a en revanche reçu le soutien de Jean-Marie Le Pen, père de Marine, lui-même exclu du parti qu'il a fondé pour cause de dérapages verbaux répétés.
"Pour avoir énoncé une évidence historique multiséculaire, Mme Nadine Morano subit un feu nourri de critiques, d'autant plus véhémentes qu'elles viennent de son propre camp", disait-il mardi dans un communiqué. "Elle peut mesurer à ses dépens ce que pèse la gauchisation des esprits dans les rangs de l'ex-UMP."
Une autre personnalité proche de l'extrême droite, Philippe de Villiers, a jugé la polémique "absurde".
"Si on lui tombe dessus aujourd'hui, c'est parce qu'il y a une préférence musulmane (...) On est en train de fabriquer un Kosovo islamique", a déclaré à BFM TV et RMC ce quasi retraité de la vie politique française.
Nadine Morano a continué jeudi d'être la cible d'attaques de la gauche mais aussi de dirigeants de LR et du centre-droit.
Yves Jégo, vice-président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) alliée de LR pour les régionales, a estimé sur LCI et Radio classique que la "lepénisation des esprits" gagnait du terrain dans le parti de Nicolas Sarkozy.
"Je pense qu'il y a une partie des Républicains qui pensent comme Nadine Morano", a-t-il déclaré.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)