PARIS (Reuters) - La police française enquête sur les étranges visiteurs qui s'intéressent de trop près à Grace Meng depuis la disparition mystérieuse de son mari, l'ex-président chinois d'Interpol Meng Hongwei, a-t-on appris de source proche du dossier.
Après une première plainte classée sans suite, Grace Meng a déposé le 26 février une plainte avec constitution de partie civile pour association de malfaiteurs en vue de commettre un enlèvement et tentative d'enlèvement en bande organisée, auprès du doyen des juges d'instruction de Lyon.
Une information judiciaire a été ouverte quelques semaines plus tard et un juge d'instruction désigné.
Elu en novembre 2016 à la tête d'Interpol, Meng Hongwei a disparu le 25 septembre 2018 lors d'un voyage en Chine. La France a alors ouvert une enquête pour disparition inquiétante.
La Chine a annoncé plus tard qu'une enquête pour corruption avait été ouverte à son encontre.
Grace Meng, qui est sous protection policière française depuis octobre dernier et a obtenu l'asile en France, a dénoncé la nature politique de la disparition de son mari et récusé les accusations portées contre lui par les autorités chinoises.
Après cette disparition, elle a elle-même fait l'objet de menaces et de tentatives "assez inquiétantes" de rentrer en contact avec elle - des filatures, des gens se renseignant sur elle à son hôtel ... - dit-on de source proche du dossier.
Un couple d'origine asiatique a ainsi demandé son numéro de chambre à la réception de son hôtel et des investigations ont révélé que les appels téléphoniques menaçants dont elle était l'objet provenait d'un téléphone "occulte", acheté à cette seule fin sous une fausse identité et de fausses coordonnées.
Dans les jours qui avaient précédé le dépôt de sa première plainte, début octobre 2018, un visiteur se présentant comme un homme d'affaires de Hong Kong lui avait proposé de l'accompagner en République tchèque dans un avion privé.
Elle avait refusé ce voyage prétendument d'affaires et l'homme, qui était accompagné par le propriétaire de l'avion privé, était revenu à la charge pour lui proposer d'autres voyages ou rencontres, qu'elle a également déclinés.
Grace Meng a par ailleurs annoncé ce week-end qu'elle engageait devant la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye une procédure contre Interpol, dont le siège est à Lyon.
Elle reproche à Interpol une "attitude sans précédent, pour une organisation internationale".
Interpol "n'a ni protégé ni assisté ma famille et est complice des agissements illicites du pays membre qu'est la Chine", dit-elle dans une déclaration diffusée ce week-end.
La CPA a été créée en 1899 pour faciliter l’arbitrage et les autres formes de règlement des différends entre États.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)