par Joern Poltz et Jens Hack
MUNICH (Reuters) - Des tireurs, qui selon des témoins seraient au nombre de trois, ont déclenché une fusillade vendredi soir dans un centre commercial de Munich, faisant neuf morts et de nombreux blessés, a rapporté la police allemande, dont les soupçons s'orientent vers un attentat terroriste.
La chaîne allemande NTV a rapporté que Munich, la troisième ville d'Allemagne, était placée sous état d'urgence. Un festival de musique, Tollwood, a été annulé et ses participants sont rentrés chez eux.
Il s'agit de la troisième attaque majeure en Europe de l'Ouest en huit jours, après l'attentat de Nice qui a fait 84 morts le soir du 14 juillet et de l'attaque à la hache et au couteau menée à bord d'un train de Bavière par un Afghan, qui a blessé quatre voyageurs lundi soir. Le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué ces deux attaques.
Rien ne permet cependant pour l'heure de parler d'une attaque à caractère islamiste à Munich, a dit la police. La journée de vendredi correspond au cinquième anniversaire du massacre perpétré en Norvège par Anders Behring Breivik, devenu depuis lors un héros pour certains néo-nazis en Europe et en Amérique.
Aucun suspect n'a été arrêté pour le moment à Munich par la police, qui parle d'une "menace terroriste aiguë" du fait de la fusillade dans le centre commercial Olympia, situé dans le quartier de Moosach, dans le nord de la ville.
La police, dont une unité des forces spéciales est arrivée sur les lieux de la fusillade, a appelé la population à rester chez elle, les tireurs, armés de fusils, étant toujours en fuite.
"Restez chez vous. Quittez les rues", a demandé la police.
"MESSAGE PERSONNEL DE SOUTIEN" DE HOLLANDE
Selon des informations non confirmées, citées par le magazine Focus, un des tireurs se serait donné la mort d'une balle dans la tête. La police a dit s'employer à établir si le neuvième corps retrouvé sur le lieu des tirs, était ou non celui d'un des agresseurs.
La gare centrale de Munich a été évacuée et la circulation des transports publics a complètement cessé dans la ville.
"Nous pensons qu'il y a plusieurs tireurs. La fusillade semble avoir commencé devant un McDonald's du centre commercial", a dit une porte-parole de la police.
Plusieurs voies express du nord de la ville ont été bouclées et la police demandait aux automobilistes de les quitter, a rapporté la Bayerische Rundfunk.
A Berlin s'est tenue à la chancellerie une réunion de crise et le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière, qui venait de partir pour les Etats-Unis, a décidé d'interrompre ses vacances et de retourner en Allemagne.
Le directeur de la chancellerie, Peter Altmaier, a déclaré qu'aucune piste ne pouvait être exclue, y compris celle d'un acte terroriste, même si elle ne peut être confirmée pour le moment.
De son côté, le président allemand, Joachim Gauck, s'est déclaré consterné et bouleversé par l'attaque de Munich.
"L'attaque meurtrière de Munich m'horrifie profondément. Mes pensées vont vers toutes les victimes et vers tous ceux qui pleurent la perte d'un des leurs ou craignent pour la vie de quelqu'un".
Le centre commercial en question se trouve à proximité du stade olympique de Munich, où le groupe palestinien Septembre noir avait pris en otages 11 athlètes israéliens avant de les abattre, lors des Jeux olympiques d'été 1972.
A Paris, le président François Hollande "a adressé un message personnel de soutien" à la chancelière Angela Merkel dans les "événements dramatiques qui se produisent à Munich", a-t-on annoncé dans l'entourage du chef de l'Etat.
A Washington, Barack Obama a assuré l'Allemagne de son soutien. "Nous ne savons pas encore exactement ce qui se passe là-bas, mais bien évidemment nos pensées vont vers les victimes", a dit le président américain à la Maison blanche. "Nous promettons tout le soutien dont ils auront besoin", a-t-il ajouté.
(Joern Poltz et Andrea Shalal, avec Jean-Baptiste Vey à Paris; Eric Faye pour le service français)