PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Education nationale, Benoît Hamon, conteste à son tour les choix budgétaires du gouvernement, dimanche, au lendemain de la charge livrée par Arnaud Montebourg contre la réduction "dogmatique" des déficits, assurant "ne pas être loin des frondeurs" de la gauche du PS.
Ces appels distincts lancés en l'espace de 24 heures en faveur d'un changement de cap interviennent alors que François Hollande a réaffirmé sa volonté cette semaine de poursuivre les réformes et s'apprête à annoncer de nouvelles mesures.
"La relance de la demande est la condition de la réussite de la politique de l'offre qui a été faite depuis deux ans. On ne peut rien vendre aux Français s'ils n'ont pas des revenus suffisants", estime Benoît Hamon dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Le ministre de l'Education s'en prend également à la chancelière allemande Angela Merkel, qui selon lui "ne peut plus être celle qui donne le la de l'orientation européenne".
"L'Allemagne sert ses intérêts personnels, pas ceux de l'Europe", souligne-t-il, rejoignant la position d'Arnaud Montebourg, qui dans une interview au Monde samedi, a appelé à "hausser le ton" avec une Allemagne "prise au piège de la politique austéritaire qu'elle a imposée à toute l'Europe".
En déplacement aux Comores, François Hollande a joué samedi la carte de l'apaisement face aux critiques du ministre de l'Economie selon lequel "les choix politiques ne sont pas figés".
"Je souhaite que nous puissions convaincre nos partenaires européens de donner priorité à la croissance", a-t-il dit à la presse. "Tous ceux qui portent cette idée sont les bienvenus et c'est la position de tout le gouvernement."
"On ne peut pas fronder dans le gouvernement, chacun son rôle. Mais cela ne signifie pas qu'on ne va pas dire les choses", souligne Benoît Hamon, qui sera présent à la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), organisée dimanche et comme chaque année par Arnaud Montebourg.
"Arnaud et moi ne sommes pas loin des frondeurs, mais notre problème n'est pas d'en prendre la tête. Notre volonté est d'être au service d'un rassemblement de la gauche et de peser au sein du gouvernement", ajoute-t-il.
(Marine Pennetier, édité par Tangi Salaün)