par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - François Hollande a posé lundi les jalons de la deuxième phase de son quinquennat, promettant de réformer "jusqu'à la dernière minute" pour redresser le pays où la reprise, a-t-il reconnu, est "trop fragile".
Pour sa troisième interview télévisée du 14-Juillet, le chef de l'Etat a confirmé des baisses d'impôts en 2014 et 2015 pour "plusieurs centaines de milliers de Français" dans les classes moyennes et réaffirmé sa détermination à combattre un chômage croissant contre lequel tout n'a pas été "essayé".
Contre ses détracteurs, y compris dans la majorité, qui lui reprochent un manque de lisibilité et une absence de cap, il s'est employé à défendre un programme argumenté et "carré" jusqu'en 2017, en insistant sur le pacte de responsabilité.
"La réforme, elle est organisée, mais avant nous devons nous redresser économiquement", a-t-il déclaré, reconnaissant que la reprise "est là, mais [qu']elle est fragile".
Face, notamment, aux critiques de "conformisme" économique de son propre ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, il a pris le pari que le pacte produirait ses effets à condition que les entreprises, bénéficiaires de 30 milliards d'euros de baisses de charges, fassent leur part du chemin.
"Voilà, pendant trois ans vous connaissez la donne (...), tout est maintenant sur la table et rien ne sera modifié", a-t-il dit aux patrons auxquels il a rappelé leurs engagements en matière d'emploi.
"Maintenant, on doit être ensemble", a-t-il insisté en faisant valoir son propre engagement à réformer.
"De la première minute jusqu'à la dernière minute, je ferai des réformes", a-t-il dit. "Je veux qu'à la fin de mon mandat notre pays soit plus fort".
"NOUS N'AVONS PAS TOUT ESSAYÉ"
Cent jours après la nomination de Manuel Valls à Matignon, François Hollande a fait état d'une communion de vues avec le Premier ministre sur les objectifs poursuivis, alors même que ce dernier a maintes fois critiqué en creux les deux premières années du quinquennat.
"S'il y avait le moindre différend, il n'y aurait pas de possibilité pour agir", a-t-il expliqué, saluant un Premier ministre qui "met de l'efficacité, de l'organisation, de la rapidité".
Contre le chômage qui touche quelque cinq millions de Français, "nous n'allons pas attendre et nous n'avons pas tout essayé", a-t-il dit, en référence à l'aveu d'impuissance de François Mitterrand en 1993 ("Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé").
François Hollande a notamment évoqué les deux réunions sur l'investissement et l'apprentissage prévues à la rentrée.
"Je veux qu'on puisse dire 'il a fait tout ce qu'il avait à faire'", a-t-il souligné, défendant sa méthode face à la "rupture" d'un Nicolas Sarkozy, de "ceux qui veulent tout précipiter et qui ne font rien".
Soucieux d'imprimer un rythme et une cohérence, il a expliqué que la relance économique laisserait place en 2016 à des réformes sociétales. Elles seront "le fruit d'un consensus", a-t-il promis, alors que la polémique sur le "mariage pour tous" a empoisonné sa première année au pouvoir.
"DITES DU BIEN DE VOTRE PAYS"
Dans cette perspective, il a donné des gages à la "gauche de la gauche", qui fustige ses choix économiques, en soulignant notamment sa volonté de ne pas renoncer au droit de vote des étrangers aux élections locales.
"Peut-on comprendre que des gens qui sont là depuis 20 ans, 30 ans, ne puissent même pas voter pour des élections qui concernent leur commune ?", s'est-il interrogé.
Il dit croire "à ce que des majorités se constituent" sur ce sujet qui appelle une réforme constitutionnelle, c'est-à-dire une majorité des trois-cinquièmes du Parlement réuni en Congrès.
Toujours bas dans les sondages d'opinion malgré une légère embellie récemment, François Hollande a dit faire son possible pour rester au contact des Français et de leurs problèmes.
Au-delà de sa personne, il a émis le souhait que le pays retrouve confiance sans céder à l'autodénigrement, une "maladie pas grave, mais qui peut être contagieuse".
"Ce que j'essaie de dire aux Français c'est qu'il faut qu'il aient confiance en eux. Dites du bien de votre pays".
Le président célibataire depuis sa séparation d'avec Valérie Trierweiler après la révélation d'une liaison avec l'actrice Julie Gayet, au début de l'année, a déclaré n'avoir "aucune information" à donner sur sa vie privée. Mais a précisé que dès qu'il en aurait à communiquer, il le ferait.
Quant à son avenir politique, François Hollande a affirmé ne pas se poser la question d'une éventuelle primaire pour la présidentielle de 2017, que certains socialistes réclament déjà.
"La seule question que je me pose, c'est comment réussir pour mon pays", a-t-il dit.
(Edité par Sophie Louet)