par Emile Picy
PARIS (Reuters) - Les députés de La France insoumise (LFI) et du groupe communiste, jeunes pour la plupart, occupent le devant de la scène à l'Assemblée nationale depuis la rentrée, incarnant pratiquement à eux seuls l'opposition à Emmanuel Macron.
Le groupe LFI que préside Jean-Luc Mélenchon (17 députés) et celui de la Gauche démocrate et républicaine (GDR, 16 députés), qui rassemble notamment les élus PC, ont pris leurs marques face à la majorité La République en marche. (voir)
Outre leur président, les Insoumis Ugo Bernalicis, sur la prolongation de l'état d'urgence, Adrien Quatennens sur la réforme du code du travail, tous deux âgés de moins de 30 ans, ont retenu l'attention de leurs collègues.
Mêlant humour et critiques acerbes de la politique gouvernementale, ils ont surpris par leur maîtrise à la tribune, donnant l'image de parlementaires aguerris.
Ils ont pu s'appuyer sur d'autres collègues eux aussi élus le 18 juin, comme Eric Coquerel, Alexis Corbière, Danièle Obono rompus eux aussi aux débats contradictoires après des années de militantisme syndical ou politique.
Les interventions parfois décalées du cinéaste François Ruffin ont bien souvent surpris, l'élu de la Somme n'hésitant pas à interpeller ses collègues de La République en marche.
Avec l'accord de leur chef, les Insoumis ont cassé le code vestimentaire, décidant de ne plus porter de cravate en séance, voire de veste. Une vraie révolution au Palais-Bourbon, où l'hémicycle était naguère interdit à tout député démuni de cette bande d'étoffe autour du cou.
Le bureau de l'Assemblée en a pris acte jeudi et les députés peuvent désormais tomber la cravate et la veste.
Les élus communistes du groupe GDR ne sont pas en reste. Leur président, André Chassaigne, sexagénaire réélu pour un quatrième mandat dans son Puy-de-Dôme natal, a décidé de confier son point de presse hebdomadaire à trois nouveaux venus : Pierre Dharréville, Sébastien Jumel ou Elsa Faucillon.
Durant ces dernières semaines, ces derniers ont mené bataille contre la réforme du Code du travail avec leurs "camarades" Insoumis, défendant leurs nombreux amendements.
LE FRONT NATIONAL DISCRET
Les deux groupes ont réussi à devenir les porte-parole de l'opposition et de neutraliser les élus du Front national.
Marine Le Pen et ses sept collègues n'ont pu constituer un groupe -il faut quinze élus-, ce qui réduit fortement leur capacité à se faire entendre dans les travées avec un temps de parole réduit à la portion congrue et des moyens limités.
Le présidente du FN n'est pratiquement pas intervenue .
Le groupe de la Nouvelle gauche (ex-PS), dont les effectifs ont été divisés par dix, a bien du mal a s'y retrouver après la défaite ou le départ de beaucoup de ses anciens dirigeants.
Il doit faire face aux critiques de la droite et de "la gauche de la gauche" qui n'a toujours pas digéré la précédente loi travail et du groupe de La République en marche (LREM), qui lui reproche d'avoir laissé une ardoise budgétaire "insincère".
La droite, avec le groupe Les Républicains ne s'est elle non plus guère manifestée.
Encore anesthésié par ses défaites électorales, ses divisions et le départ d'une quinzaine de ses membres pour former le groupe des Constructifs rassemblant des députés de droite et du centre "macronpatibles", le groupe LR se cherche.
D'ici le congrès prévu vers la mi-décembre, qui devrait permettre à LR de fixer sa ligne, les différentes écuries s'observent. Le groupe a voté la prolongation de l'état d'urgence et la réforme du Code du travail.
Quand au groupe des Constructifs, il ne s'est pas encore vraiment manifesté, sinon en raflant un poste de questeur à la barbe de ses ex-amis LR.
Le groupe des centristes du MoDem, allié au groupe LREM, est lui aussi discret par solidarité avec ses amis "marcheurs".
(Edité par Yves Clarisse)