PARIS (Reuters) - La France a demandé à l'Union européenne des dérogations pour pouvoir faucher les zones de verdure protégées afin de nourrir les animaux, les stocks de nourriture ayant faibli en raison de la sécheresse, a déclaré mercredi le ministre de l'Agriculture.
Stéphane Travert explique avoir demandé fin juillet une dérogation auprès de l'Union européenne afin de pouvoir faucher les surfaces d'intérêt écologique (SIE), des zones que les exploitants ont l'obligation de préserver pour favoriser la biodiversité.
"Un certain nombre d'exploitations aujourd'hui ont commencé à prendre sur les stocks d'hiver, notamment dans les fourrages, pour pouvoir donner à manger à leurs animaux. Nous avons donc besoin de pouvoir les aider et trouver les fourrages nécessaires pour pouvoir nourrir les animaux", a déclaré Stéphane Travert sur BFMTV.
Ces zones disposeraient de l'herbe nécessaire pour "nourrir les animaux en bonne quantité et aussi en qualité (...) de manière à ce que les agriculteurs ne soient pas pénalisés durant l'hiver par le manque de nourriture pour leurs élevages."
La sécheresse causée par la canicule s'est surtout fait sentir dans les cultures de maïs et les prairies, a dit le ministre. Mais il s'agit d'une sécheresse de surface qui a moins pénalisé les agriculteurs que de précédents épisodes de chaleur.
"Nous avons des nappes phréatiques dans certains territoires qui restent à bon niveau. Mais il faut rester vigilant malgré tout (...) pour permettre aux agriculteurs de trouver les ressources nécessaires pour irriguer leurs cultures", a dit le ministre.
D'autres mesures ont été mises en place pour aider les agriculteurs, ajoute-t-il, comme le report de la taxe sur le foncier non bâti et le report des cotisations sociales qui peuvent être dues à la Mutualité sociale agricole (MSA).
Pour le député européen Les Républicains (LR), Michel Dantin, la situation est "critique".
Interrogé par l'Opinion, il dit avoir écrit au commissaire européen à l'Agriculture pour lui demander d'"assouplir d'urgence quelques règles, de façon temporaire". Il précise être soutenu par le ministre de l'Agriculture dans sa démarche.
En plus de devoir "faire une croix sur le verdissement", il estime que les agriculteurs doivent pouvoir "surseoir aux règles traditionnelles d'assolement" et "pouvoir semer des cultures dérobées à croissance rapide comme des choux fourragers, du colza, du trèfle, dès qu'il pleuvra un peu, pour pouvoir utiliser ces végétaux dès l'automne".
Neuf départements sont encore en vigilance orange canicule, notamment en Rhône-Alpes et les Alpes-maritimes, selon Météo France. Au plus fort de l'épisode de canicule, lundi, 67 départements étaient en vigilance orange canicule.
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)