PARIS (Reuters) - Le préfet de Seine-Maritime a assuré samedi que la qualité de l'air à Rouen était "normale" et "habituelle" trois jours après le violent incendie de l'usine Lubrizol, dont les conséquences sanitaires et écologiques inquiètent la population.
Le sinistre qui s'est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi dans cette fabrique d'additifs pour lubrifiants - classée Seveso en raison de la dangerosité des produits qu'elle abrite - a été éteint vendredi par les pompiers, mais les conséquences en sont toujours prégnantes dans Rouen et son agglomération.
Une odeur incommodante persiste et des suies noires se sont déposées un peu partout, y compris sur les cultures, parfois en petites galettes, telles des galettes de goudron. L'origine de l'incendie n'est toujours pas déterminée.
Le procureur de la République de Rouen, Pascal Prache, a annoncé samedi dans un communiqué que l'enquête ouverte jeudi pour "destructions involontaires par l'effet d'une explosion ou d'un incendie" était élargie à "mise en danger d'autrui" à la suite de plaintes "portées à la connaissance du parquet".
Les analyses effectuées pour détecter dans l'air d'éventuelles concentrations d'oxyde d'azote et de soufre, de monoxyde de carbone et d'hydrogène sulfuré notamment, sont "encourageantes", a déclaré samedi après-midi le préfet, Pierre-André Durand, lors d'un point de presse.
"Nous sommes à un état habituel de la qualité de l'air à Rouen", a-t-il indiqué. La situation est "normale" à l'exception du site Seveso, proche de la Seine, où "une présence de benzène" a été détectée.
Venue sur place vendredi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait estimé que Rouen était "clairement polluée".
GEL DES CULTURES ET RÉCOLTES
Des hydrocarbures, des additifs chimiques pour huile de moteur, notamment, se sont échappés dans les flammes. Les fûts qui ont brûlé seront évacués prochainement, a dit le préfet.
La présence d'amiante est également confirmée dans le toit de l'usine, qui s'est affaissé. Des mesures de fibres dans l'air sont en cours dans un rayon de 300 mètres autour du site. En revanche, a souligné le préfet, les analyses n'ont fait apparaître aucune mesure radioactive.
S'agissant de la "pluie noire" observée par les habitants après l'incendie, "il n'y a pas de situation alarmante, hormis dans certains cas des présences de plomb" dont l'existence est peut-être ancienne, a déclaré le préfet.
Pierre-André Durand a invité à "distinguer la toxicité de la gêne" causée par une odeur "anxiogène". Des riverains font état d'irritations oculaires ou respiratoires et ont opté pour beaucoup pour le port d'un masque.
Par mesure de précaution, et dans l'attente de mesures complémentaires dont les résultats seront connus la semaine prochaine, "un gel des productions et des récoltes" a été décidé. Le lait collecté depuis le 26 septembre dans les zones à risque, les oeufs et le miel sont consignés "jusqu'à obtention de garanties sanitaires".
Il est recommandé de ne pas consommer les "produits souillés" dans les potagers privés et les jardins familiaux.
Les établissements scolaires, qui sont fermés depuis jeudi, sont actuellement nettoyés. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a déclaré vendredi qu'ils rouvriraient lundi mais le préfet a précisé que certaines écoles pourraient avoir besoin d'un jour supplémentaire de nettoyage.
(Sophie Louet)