par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - L'heure du "grand oral" a sonné pour les trois candidats encore en lice pour l'investiture aux élections municipales à Paris de La République en marche (LaRem), en plein dilemme à cause du duel entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani.
Le verdict devrait tomber mercredi soir à l'issue d'une réunion du bureau exécutif prévue à 20h00, qui pourrait aussi décider de repousser sa décision, un report d'ailleurs souhaité par deux des trois prétendants, Hugues Renson et Cédric Villani.
Après tirage au sort, le député de Paris et vice-président de l'Assemblée nationale Hugues Renson a ouvert le bal à 14h00 devant la Commission nationale d'investiture (CNI) co-dirigée par la députée Marie Guévenoux et l'ancien ministre Alain Richard. Une heure et demie plus tard, ce fut au tour de l'ancien porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, puis du député de l'Essonne Cédric Villani.
A sa sortie devant la presse, Benjamin Griveaux a dit sa confiance en une commission "extrêmement sérieuse" qui "juge de la solidité des candidats qui se présentent devant elle : solidité sur le fond, sur les convictions et sur la méthode".
"Il est temps pour nous de nous mettre en ordre de bataille et je n'ai aucun doute que, quel que soit le candidat désigné à l'issue de ce processus, les deux autres se rangeront derrière lui", a-t-il ajouté, entouré de deux de ses soutiens, l'écologiste Antonio Duarte et le sénateur Julien Bargeton.
La tension est montée ces derniers jours à LaRem, où l'outsider Cédric Villani a imposé un duel avec Benjamin Griveaux, considéré jusqu'ici comme le favori d'une compétition censée permettre au camp présidentiel de succéder à la socialiste Anne Hidalgo.
Capables aussi bien l'un que l'autre de battre la maire sortante au premier tour aux dires des sondages, les deux hommes ont engrangé chacun des soutiens de dernière minute, donnant du piment à la compétition.
Cédric Villani a ainsi reçu le soutien de l'élue d'arrondissement Anne Lebreton et de l'ancien secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi, marqué à gauche. Renonçant lui aussi à briguer l'investiture de LaRem, Antonio Duarte a pour sa part annoncé dimanche son soutien à Benjamin Griveaux.
"LES JEUX NE SONT PAS FAITS"
Dans un entretien au Point, ce dernier, ancien disciple de Dominique Strauss-Kahn passé tôt sous la bannière d'Emmanuel Macron, se retrouve sur la défensive, handicapé par l'image d'arrogance qui lui est souvent associée.
"On me dit arrogant, cassant, mais jamais insincère. Justement, on m'a reproché d'être trop cash !", dit-il. "Je vais vous dire quelque chose que je vais aussi dire à la commission : s'il y en a un qui n'a pas été épargné depuis 18 mois quand il était porte-parole du gouvernement et qui n'a pas été épargné depuis six mois par ses compétiteurs, c'est bien moi."
En face, Cédric Villani, jusqu'ici méconnu, a réussi à lever une dynamique grâce à un style original et un discours basé sur la rationalité et l'écologie, mettant à profit son profil de scientifique reconnu de par le monde en tant que lauréat de la prestigieuse médaille Fields de mathématiques.
Ville "dure à vivre", Paris a besoin de voir ses problèmes résolus "avec ambition, énergie et rigueur", a déclaré lors d'un meeting la semaine dernière le député à la lavallière, entré en politique il y a à peine plus de deux ans.
Sauf surprise, la CNI tranchera mercredi soir sur le cas de la capitale, dans le cadre d'une nouvelle vague d'investitures.
Soutien de Benjamin Griveaux, la députée LaRem de Paris Olivia Grégoire voit dans la compétition un signe de "la vitalité du mouvement et de la vitalité des candidats".
"J'ai une absolue confiance en la neutralité et en la qualité du travail de la CNI", a-t-elle dit à Reuters. "Les jeux ne sont pas faits, et ils ne le seront pas jusqu'à la dernière minute. La décision n'est pas prise et le suspense est total."
A ceux qui pensent qu'Emmanuel Macron aura finalement le dernier mot, l'entourage du chef de l'Etat se contente de saluer "l'émulation" qui entoure le scrutin parisien. De Lyon à Marseille, le président s'est déjà largement impliqué dans les élections municipales, au risque de se voir reprocher un travers partisan difficilement compatible avec sa fonction de chef d'Etat.
(Edité par Yves Clarisse)