PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle du Front national et de deux de ses dirigeants, dont le trésorier Wallerand de Saint-Just, dans l'enquête sur le financement des campagnes électorales du parti en 2012, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Sont visés également le vice-président du FN Jean-François Jalkh, cinq autres personnalités ainsi que deux personnes morales, "Jeanne", le micro-parti de la présidente du FN Marine Le Pen, et Riwal, la société qui fournissait le matériel de campagne du FN, dont le renvoi est aussi requis.
Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire en avril 2014 pour escroquerie, abus de bien social, complicité et recel de ces délits visant le financement des campagnes du FN pour l'élection présidentielle et les législatives de 2012.
L'enquête a porté sur les liens financiers entre le FN et Jeanne d'une part et Riwal de l'autre, les juges cherchant à savoir si les deux premiers n'ont pas profité de facilités de paiement offertes par la troisième dans le cadre de campagnes électorales, ce que conteste le Front national.
Marine Le Pen a été entendue par les juges d'instruction en charge du dossier sous le statut de témoin assisté.
Les réquisitions du parquet concernant le Front national portent sur les chefs de recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie.
Les autres personnalités dont le renvoi en correctionnelle est requis sont le patron de Riwal Frédéric Chatillon, sa compagne, le commissaire aux comptes du FN Nicolas Crochet, l'ex-trésorier de Jeanne, Olivier Duguet et son successeur Axel Loustau.
Dans un communiqué, l'avocat du Front national, Me David Dassa-Le Deist souligne que la formation "réfute depuis le début de cette enquête avec la plus grande fermeté les charges artificielles retenues contre lui."
"Le Front National s'étonne du calendrier choisi pour la transmission de telles réquisitions, en plein été, et de la publicité qui lui est donnée", ajoute-t-il en indiquant son intention de faire valoir devant le magistrat instructeur "les éléments le disculpant de toute infraction."
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)