PARIS (Reuters) - L'engagement d'Emmanuel Macron d'interdire le glyphosate en France dans trois ans demeure, même s'il n'est pas inscrit dans la loi, a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement après le rejet à l'Assemblée d'amendements visant à graver cette promesse de campagne dans le marbre.
L'Assemblée nationale a rejeté dans la nuit de lundi à mardi plusieurs amendements, dont un de Matthieu Orphelin (La République en Marche) soutenu par Nicolas Hulot qui visait à inscrire dans la loi l'interdiction en 2021 de l'herbicide soupçonné d'avoir un effet cancérigène.
Le ministre de la Transition écologique s'était déclaré favorable à une traduction législative, une position allant à l'encontre de la ligne défendue par son alter ego à l'Agriculture, Stéphane Travert.
"Si on ne se fixe pas ces points d'étape, je sais très, très bien qu'il ne se passera rien", avait justifié Nicolas Hulot le 18 mai sur BFM TV.
L'amendement de Matthieu Orphelin, pour lequel 16 députés LaREm ont voté, 36 parlementaires du groupe majoritaire s'exprimant contre, prévoyait un bannissement à partir de 2021 assorti d'une possibilité de dérogation en l'absence de solutions de remplacement.
"Cela ne minimise pas les autres avancées obtenues (pour prix justes et pour alimentation durable), mais c'est à mes yeux un rendez-vous manqué et une vraie déception", a dit le député sur Twitter (NYSE:TWTR).
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a défendu mardi sur franceinfo l'idée qu'une inscription dans la loi n'était pas forcément garantie de mise en oeuvre.
"On a inscrit beaucoup de choses dans la loi depuis trente ans dans notre pays, ça ne s'est parfois pas passé", a-t-il dit. "L'engagement du président de la République sur la sortie du glyphosate dans trois ans est un engagement clair."
"CE SERA FAIT"
L'interdiction du glyphosate adviendra, a-t-il assuré. "Ce sera fait, ce sera fait en partenariat avec les industriels."
"Faisons un peu confiance, arrêtons en permanence de penser que la contrainte, la sanction, sont les seuls moyens de conduire des politiques publiques efficaces", a poursuivi le porte-parole du gouvernement.
"Nicolas Hulot travaille avec les acteurs des filières et avec l'Inra. Si nous trouvons des solutions industrielles, scientifiques, pour permettre que la France sorte dans trois ans du glyphosate, tout le monde y aura gagné. Il n'était pas forcément utile de l'inscrire dans la loi."
En octobre dernier, le chef de l'Etat avait déclaré sur Twitter avoir "demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans".
Le président français avait pris là une position plus ambitieuse que celle de l'Union européenne, qui a renouvelé l'autorisation de l'herbicide pour une durée de cinq ans.
Pour Stéphane Travert, il n'était pas nécessaire de passer par la loi pour éliminer le glyphosate.
"La ligne du président, elle est claire et elle tient en deux phrases : (...) c'est mobilisation de la recherche des instituts techniques pour se passer du glyphosate dans les trois ans et (...) pas d'interdiction sans solution pour les agriculteurs", a-t-il dit vendredi dernier sur franceinfo.
Au ministère de l'Agriculture, on explique les déclarations de Nicolas Hulot par "sa part de liberté".
Le glyphosate, composant du Roundup de Monsanto (NYSE:MON), est soupçonné de favoriser l'apparition de cancers mais les différentes agences européennes et internationales ne s'accordent pas sur le sujet.
(Sophie Louet et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)