PARIS (Reuters) - Les dirigeants des Républicains ont défendu mercredi l'expulsion de quatre des leurs accusés d'avoir rejoint Emmanuel Macron, bien qu'ils doivent encore attendre pour entériner formellement une décision contestée par les intéressés.
Faute du quorum nécessaire, le bureau politique de la formation n'a pu mardi soir que se "prononcer en faveur" de l'expulsion de Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, tous deux membres du gouvernement, et des députés "constructifs" Thierry Solère et Franck Riester.
Il a dans les mêmes conditions "acté le départ" du Premier ministre Edouard Philippe et convoqué dans le même temps une nouvelle réunion le 31 octobre dans l'espoir qu'il y aura suffisamment de membres présents pour valider ces décisions.
"Parfois la politique ressemble à un mauvais gag et hier c'était le cas. On s'est retrouvés à compter des croix sur une feuille de présence", a déclaré sur France Inter Laurent Wauquiez, favori de la course à la présidence de LR.
Sur France 2, Bernard Accoyer, le secrétaire général du parti, a justifié la nouvelle convocation des instances dirigeantes par la nécessité "d'un vote de sécurisation juridique malgré la majorité politique extrêmement forte qui s'est dégagée hier au bureau politique".
Il a ajouté qu'aucune condition de quorum n'était requise pour le nouveau bureau politique du 31 octobre, selon les statuts du parti.
Certains ont vu dans la faible assistance du bureau politique un désaveu de la ligne dure défendue par la nouvelle direction, une situation que le juppéiste Gilles Boyer, aujourd'hui conseiller d'Edouard Philippe, a résumé dès mardi soir par un tweet : "Pour exclure, il faut le quorum. Pour avoir le quorum, il faut arrêter d’exclure."
"Vous avez deux heures !" a-t-il ajouté, comme s'il s'agissait d'une équation compliquée à résoudre.
CLARIFIER LA SITUATION
"On ne peut pas être à la fois au gouvernement et dans le principal parti d'opposition", a répété mercredi Bernard Accoyer.
Laurent Wauquiez a indiqué de son côté que son objectif était de "reconstruire une droite qui soit à nouveau audible (...) et ça suppose de clarifier la situation".
"La décision politique est prise. Ce sera la semaine prochaine une pure validation formelle", a-t-il dit.
Sébastien Lecornu a dénoncé une décision "pitoyable".
"Je suis membre du bureau politique et je n'ai pas été convoqué hier soir (et) aucun d'entre nous visiblement, ce qui est déjà un vice de forme", a déclaré sur CNews le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique.
"On a une minorité de gens, de factieux qui ne respectent même pas les statuts (...) il y a une minorité de gens qui est en train de prendre le pouvoir sur cette famille politique en tournant le dos à l'héritage de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy", a-t-il ajouté, en reprochant à la direction de LR de ne pas avoir appelé clairement à voter en faveur d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen entre les deux tours de la présidentielle.
Le député des Hauts-de-Seine a estimé de même sur BFM TV qu'il y avait "une minorité qui veut s’enfermer depuis l’élection présidentielle et qui veut exclure tout le monde."
"On a perdu la présidentielle, soit, ce n’est pas pour autant que nous devons nous opposer à des réformes que l’on défend depuis des années", a-t-il dit à propos du soutien des Constructifs au gouvernement.
Pour les mêmes raisons, le député européen Alain Lamassoure a annoncé son départ des Républicains. "Après la perte d'une élection imperdable, LR exclut le Premier ministre qui fait les réformes dont LR et ses électeurs rêvaient", a-t-il dit sur son compte Twitter à l'appui de sa décision.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)