Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour les agriculteurs

Publié le 12/09/2014 18:25
Mis à jour le 12/09/2014 18:30
© Reuters LES MAUVAISES NOUVELLES S'ACCUMULENT POUR LES AGRICULTEURS

par Sybille de La Hamaide

PARIS (Reuters) - Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour les agriculteurs français, entre l'embargo russe et une qualité de blé médiocre qui a fait chuter les prix tout en menaçant désormais l'emploi et l'investissement dans un secteur déjà affaibli.

Dans la première puissance agricole européenne, les professionnels anticipent de nouvelles baisses de revenus, après la chute de 20% enregistrée en 2013.

"Il y a beaucoup de découragement dans de nombreuses exploitations", a déclaré à Reuters Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA), soulignant que rarement le secteur avait connu une telle combinaison de mauvaises nouvelles.

"Tout l'enjeu dans les prochains mois sera de nous mettre en situation de pouvoir rebondir et surtout de faire en sorte que des paysans ne mettent pas la clé sous la porte, comme c'est déjà le cas par endroits", a-t-il ajouté.

La Russie a imposé début août des restrictions sur les importations de produits alimentaires en réaction aux sanctions européennes dans le cadre de la crise ukrainienne.

Le pays avait importé en 2013 quelque 1,2 milliard d'euros de produits agricoles français, selon les chiffres du ministère français de l'Agriculture.

Mais l'impact global sera beaucoup plus élevé, en raison d'un effet d'entraînement à la baisse sur les prix. Les gros exportateurs vers la Russie, à la recherche de nouveaux débouchés, viendront concurrencer la production française sur son propre marché, soulignent les agriculteurs.

L'embargo russe sur le porc imposé en début d'année pour raisons vétérinaires donne une idée de la facture totale.

Son coût net était estimé autour de 150 millions d'euros mais il devrait s'élever à quelque 500 millions d'euros si l'on prend compte la baisse des cours qui en a découlé, a expliqué Xavier Beulin.

VAGUE DE PANIQUE

L'Union européenne estime que l'embargo russe pourrait avoir un impact commercial d'environ cinq milliards d'euros par an. Elle a promis de débloquer 125 millions d'euros pour soutenir les exportateurs de fruits et légumes.

Mais elle a suspendu l'exécution de ce plan mercredi en raison d'une augmentation "disproportionnée" du nombre de demandes, provenant notamment de Pologne, le plus gros exportateur européen de pommes vers la Russie.

Les producteurs français de produits laitiers sont également affectés, bien que l'Union européenne ait déclaré qu'elle allait financer les coûts de stockage de certains produits.

Les prix du beurre et de la poudre de lait ont dégringolé de près de 30% depuis le mois dernier en France, même si le pays exporte peu de produits laitiers vers la Russie, selon Thierry Roquefeuil, de la Fédération nationale des producteurs de lait.

"Un vent de panique touche les marchés laitiers. Il ne doit pas se transformer en tornade voire en ouragan‎!", a déclaré mercredi le président de l'organisation dans un communiqué.

"Que ce soit sur les céréales, le lait, les fruits ou les légumes, on a des perspectives de baisses de revenus qui peuvent mener à un recul des investissements et de l'emploi", a ajouté Thierry Pouch, chef du service des études économiques de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (Apca).

Certains de ces producteurs pourraient ne pas voir les affaires revenir à la normale après la levée de l'embargo si la Russie leur préférait de nouveaux fournisseurs, ajoute-t-il.

LA BALANCE COMMERCIALE TOUCHÉE

L'importance de la production mondiale - les Etats-Unis prévoient un niveau record pour la prochaine récolte de maïs et de soja - a entraîné une chute des prix des céréales et du sucre aux niveaux les plus bas enregistrés depuis plus de quatre ans.

La situation en France est aggravée par la mauvaise qualité du blé, principale céréale cultivée dans le pays, qui a souffert de l'été le plus froid et le plus pluvieux depuis 1959.

Le marché à terme du blé a ainsi chuté de 23% sur le marché Euronext sur les six dernier mois.

Fait exceptionnel, la mauvaise qualité de la récolte française de blé a même forcé certains opérateurs à importer du blé meunier cette saison.

L'organisme FranceAgrimer a confirmé mercredi l'inquiétude du secteur en prévoyant une chute d'un tiers des exportations vers les pays tiers à l'Union européenne.

La production de céréales est l'un des piliers de l'agriculture française. Elle correspond, avec 9,4 milliards d'euros, au deuxième marché d'exportation alimentaire après les vins et spiritueux, qui représentent 13,7 milliards.

Elle contribue également à réduire le déficit de la balance commerciale française, qui a atteint 61,2 milliards d'euros en 2013, avec un surplus de 7,7 milliards d'euros.

Mais avec 40% de la récolte de blé qui devrait être bradée en raison de sa mauvaise qualité, la balance excédentaire du secteur pourrait baisser d'au moins 1,5 milliard d'euros, selon le directeur de l'Association générale des producteurs de blé. 

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"L'impact de ce blé de mauvaise qualité sera significatif, et pas seulement pour les producteurs de céréales", explique Philippe Pinta.

(Marion Douet pour le service français, édité par Yves Clarisse)

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