par Jorge Otaola et Juliana Castilla
BUENOS AIRES (Reuters) - Le candidat de l'opposition libérale Mauricio Macri a été élu dimanche à la présidence de l'Argentine en remportant le second tour avec 51,5% des voix face à son rival péroniste de centre gauche Daniel Scioli, qui était soutenu par la présidente sortante.
"C'est le début d'une nouvelle ère qui doit nous conduire vers la croissance et le progrès dont nous avons besoin", a déclaré le président élu, favori des milieux d'affaires, à ses partisans en liesse.
Issu d'une riche famille de l'immigration italienne, l'actuel maire de la capitale a mené campagne en promettant de relancer une croissance économique anémique, de juguler l'inflation et d'en finir avec la corruption.
"Nous avons dit que nous devions édifier, de la Terre de Feu au sud jusqu'à Jujuy au nord, une nouvelle Argentine sans pauvreté, et c'est ce que nous allons faire", a poursuivi Macri, qui n'est que le troisième candidat non péroniste élu à la présidence depuis la fin de la dictature militaire, en 1983.
Mauricio Macri a annoncé pendant la campagne électorale qu'il ouvrirait le pays aux capitaux en levant les mesures de contrôle des changes. Il veut aussi éliminer les taxes sur les exportations de maïs et de blé et réduire progressivement les droits perçus sur les chargements de soja. Il entend également mettre fin au bras de fer entre l'Argentine et les détenteurs d'obligations souveraines du pays qui ont rejeté par deux fois, en 2005 et 2010, des rééchelonnements de la dette nationale.
Il a toutefois prévenu avant le second tour qu'il ne serait "pas possible de régler en un jour tous les problèmes laissés par l'administration sortante".
"C'est comme un rêve", s'est réjouie Angela Torres, une femme-médecin de 43 ans venue fêter sa victoire à son QG de campagne, sous un déluge de musique latino et de ballons gonflables bleus et blancs, les couleurs du drapeau argentin. "Une nouvelle Argentine est en route et tout va aller mieux", veut-elle croire.
L'indice Merval de la bourse de Buenos Aires a grimpé de 25% depuis la performance surprise réalisée par Macri au premier tour.
CRISE ÉCONOMIQUE
Le nouveau président prêtera serment le 10 décembre.
gé de 56 ans, Mauricio Macri avait obtenu au premier tour, le 25 octobre, le score inattendu de 34,3% des suffrages, talonnant Daniel Scioli, qui était soutenu par la présidente sortante, Cristina Fernandez (36,9%).
"Le peuple argentin a élu un nouveau président, Mauricio Macri, que je viens de féliciter au téléphone", a déclaré ce dernier à ses partisans.
Cristina Fernandez achève un double mandat de quatre ans et ne pouvait solliciter un troisième mandat consécutif. Elle a été précédée à la présidence par son défunt mari Nestor Kirchner.
Elle laisse un pays profondément divisé entre les classes populaires, qui applaudissent les généreux programmes sociaux mis en place par le couple Kirchner, et les milieux d'affaires, qui dénoncent les nombreux contrôles instaurés sur l'économie du pays, la troisième d'Amérique latine.
L'Argentine affiche un important déficit budgétaire, que Fernandez a financé en émettant des pesos, ce qui a contribué à alimenter une inflation bien supérieure à 20%. Les réserves en devises sont à leur plus bas niveau depuis neuf ans et le pays ne peut se financer sur les marchés obligataires depuis qu'il a fait défaut sur sa dette l'an dernier.
Ces dernières semaines, Cristina Fernandez s'était exprimée à plusieurs reprises pour appeler les électeurs à garantir le maintien des programmes sociaux du gouvernement en faveur de l'éducation, de la santé et des mères pauvres. "Quand je partirai, plaise à Dieu que ne soit pas détruit ce qu'il a fallu des années pour construire", avait-elle lancé à ses partisans lors d'un récent meeting.
(avec Richard Lough; Jean-Stéphane Brosse, Eric Faye, Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)