par Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon a fustigé jeudi à l'occasion de ses voeux pour 2017 le "tropisme atlantiste" observé selon lui par la France ces dernières années et mis en garde contre l'"attitude belliqueuse" de l'Occident à l'égard de la Russie, qui ne constitue pas à ses yeux "une menace" pour la paix.
Sortie de l'Otan et renforcement des alliances avec les pays émergents : le co-fondateur du Parti de Gauche et candidat du mouvement "La France insoumise" à l'élection présidentielle est revenu devant des militants réunis dans une salle du 11e arrondissement de Paris sur plusieurs de ses propositions en matière de politique étrangère.
"L'atmosphère belliqueuse actuelle, irrespirable, (à l'égard de la Russie-NDLR) est extrêmement dangereuse et l'année 2017 doit être mise à profit par la France pour tourner la page du tropisme atlantiste", a dit l'eurodéputé, crédité de 14% des intentions de vote dans un sondage Elabe publié jeudi.
"Il faudrait s'aligner, je ne m'alignerai pas. La politique que je défends est une politique non alignée", a-t-il ajouté.
"La situation va encore beaucoup bouger, la France doit cesser d'osciller au gré de ce que veulent ou ne veulent pas les Etats-Unis", a-t-il poursuivi, citant notamment la volte-face américaine de 2013 dans le dossier syrien, contraignant Paris à renoncer à une opération militaire présentée comme imminente. "Il n'y a que les naïfs qui croient que les Etats-Unis servent autre chose que leurs intérêts."
L'élection présidentielle en France se tient sur fond de fortes tensions géopolitiques, alimentées notamment par la situation en Syrie ou en Ukraine où la Russie est accusée par l'Occident d'attiser les tensions entre les différentes parties.
"ABSURDE"
Moscou est notamment sous le coup de sanctions économiques de l'Union européenne pour son rôle présumé dans le conflit dans l'est de l'Ukraine qui a fait près de 10.000 morts, ce que la Russie dément.
Soutien de Bachar al Assad, la Russie intervient également militairement en Syrie où son aviation bombarde les positions rebelles et les positions de l'Etat islamique dans le pays. Son siège d'Alep a notamment fait de nombreuses victimes civiles, suscitant l'émotion de la communauté internationale.
Plus récemment, Moscou a été pointée du doigt par le président américain Barack Obama après les piratages informatiques qui ont visé le parti démocrate et la candidate Hillary Clinton, battue par le Républicain Donald Trump dans la course à la Maison blanche.
"On veut montrer aujourd'hui, avec une guerre de retard, la Russie comme la cause de tous les maux du monde", a déclaré jeudi Jean-Luc Mélenchon. "Tout cela est absurde."
"Il n'est pas vrai que la Russie soit une menace pour la paix dans le monde, c'est un mensonge, c'est un acte de propagande destiné à justifier un projet politique en Europe. C'est la construction, comme idéal européen, après le Brexit et après l'échec de tout le reste, d'un bavardage autour d'une Europe de la défense."
"La menace russe n'existe pas (...) La France n'a pas à entrer dans cette escalade absurde", a-t-il poursuivi. "La vraie menace est du côté de la Chine, voilà pourquoi M. Trump (le président élu américain Donald Trump qui succédera à Barack Obama le 20 janvier-NDLR) semble y avoir réfléchi (...) car c'est là où, pour l'avenir, va se trouver l'adversaire principal."
A 65 ans, Jean-Luc Mélenchon est candidat pour la seconde fois consécutive à la présidence de la République après avoir remporté 11,1% des voix en 2012. Il a obtenu fin novembre le soutien du Parti communiste français.
(édité par Chine Labbé)