par Julien Ponthus et Maya Nikolaeva
PARIS (Reuters) - François Villeroy de Galhau, candidat de François Hollande au poste de gouverneur de la Banque de France, a assuré vendredi à Reuters qu'il n'y aurait jamais de situation de conflit d'intérêts entre lui et son ancien employeur BNP Paribas (PARIS:BNPP) grâce aux mesures qu'il a promises aux parlementaires.
Les commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat, qui doivent encore auditionner François Villeroy de Galhau, sont en mesure de mettre un veto en se prononçant chacune au trois cinquièmes contre cette nomination.
"La lettre que j'ai envoyée aux commissions des Finances garantit qu'il n'y aura jamais de situation de conflit d'intérêts", écrit à Reuters l'ancien dirigeant de BNP Paribas, qui explique ne pas pouvoir donner plus de détails aux médias, ses prochaines interventions étant réservées aux parlementaires.
L'audition de François Villeroy de Galhau par la commission des Finances de l'Assemblée aura lieu le 29 septembre.
Selon le journal Les Echos, François Villeroy de Galhau s'est engagé notamment à renoncer à toute rémunération différée de BNP Paribas et à ne participer à aucune décision concernant son ex-employeur dans un délai de deux ans après son départ du groupe, soit jusqu'en mai 2017.
François Hollande a annoncé mardi avoir proposé la nomination François Villeroy de Galhau, une décision qui a fait débat puisqu'il participera à la supervision du secteur où opère son ancien employeur.
Ancien élève de l'ENA et habitué des cabinets ministériels socialistes avant de rejoindre la BNP en 2003, François Villeroy de Galhau, catholique classé à gauche, a été préféré à Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne dont la candidature était défendue par certains responsables à Bercy.
"FAUX DÉBAT"
François Villeroy de Galhau a quitté en avril la banque, où il était directeur général délégué chargé des marchés domestiques (France, Belgique, Luxembourg, Italie), pour rédiger un rapport sur le financement de l'investissement commandé par le Premier ministre, Manuel Valls.
Cette mission, dont un rapport d'étape a été publié fin août, avait été interprétée comme un moyen de lui offrir un "sas" de transition du privé au public et d'anticiper les critiques sur le choix d'un banquier français en activité pour remplacer Christian Noyer, dont le second mandat s'achève le 31 octobre pour cause de limite d'âge.
"C'est un rôle d'intérêt public où la confiance est aussi importante que la compétence", a commenté Christophe Nidjam, secrétaire général de Finance Watch, une association basée à Bruxelles qui milite pour une meilleure régulation de la finance.
"Les citoyens auront donc besoin de preuves fortes que les décisions prises par le nouveau gouverneur ne favorisent pas des intérêts particuliers au détriment du reste de la société", a poursuivi l'ancien analyste financier, qui souligne la puissance du lobby bancaire en France.
Régis Dos Santos, président du Syndicat national de la banque et du crédit/CFE-CGC, avait pour sa part estimé mardi que "sans mettre en cause les qualités très importantes de Villeroy de Galhau, cela (me) semble un signal pas très favorable, cela va venir en rajouter sur l'image de la banque qui domine tout".
Pour l'un des proches de François Villeroy de Galhau, la polémique sur de possibles conflits d'intérêts est "un faux débat".
"C'est un garçon d'une éthique exceptionnelle, c'est un garçon élevé dans des règles presque un peu rigoristes, bien sûr il faut rassurer les commissions parlementaires mais, s'agissant de l'homme, il n'y a aucun doute à avoir."
(Avec Jean-Baptiste Vey, édité par Dominique Rodriguez)