par Lefteris Karagiannopoulos et Paul Taylor
ATHENES/BRUXELLES (Reuters) - La Grèce comptait mercredi sur ses partenaires de la zone euro et la Banque centrale européenne pour rester à flot après avoir fait défaut sur un prêt dû au Fonds monétaire international (FMI) et alors qu'elle ne peut plus compter sur les aides liées à son deuxième plan de sauvetage financier.
Ce deuxième plan d'aide négocié entre la Grèce et ses créanciers en échange de mesures d'austérité et de réformes économiques et sociales est devenu caduc mardi soir et avec lui le déblocage des dernières tranches de financement.
De même, avec le défaut de paiement constaté par le FMI peu après minuit, Athènes n'aura plus accès à des financements de cet organisme tant qu'elle n'aura pas réglé son arriéré, qui se monte à quelque 1,6 milliard d'euros.
Les ministres des Finances de la zone euro, réunis au sein de l'Eurogroupe, ont prévu une téléconférence à 15h30 GMT.
Les nouvelles propositions d'Athènes pour tenter de sortir de l'impasse - demande d'un prêt sur deux ans et rééchelonnement de la dette - doivent y être passées au crible.
Si la Grèce se voit accorder un prêt, Syriza, le parti de la gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras, pourrait même appeler les Grecs à voter "oui" au référendum prévu dimanche pour ou contre les propositions des créanciers, selon ce qu'aurait dit le ministre des Finances Yanis Varoufakis à ses collègues de l'Eurogroupe, ont indiqué des participants à la réunion de l'Eurogroupe de mardi soir.
Selon un sondage publié mercredi, le "non" l'emporterait dimanche en Grèce au référendum avec 54% des voix contre 33% pour le "oui", ce qui souligne que l'écart s'est réduit depuis que le gouvernement a dû décider de fermer les banques et imposer le contrôle des capitaux. Auparavant 57% des sondés étaient pour le "non".
Mardi soir, plusieurs milliers de Grecs partisans du "oui" se sont rassemblées place Syntagma devant le Parlement pour appeler à voter en ce sens au référendum.
GAGEURE
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est pour sa part engagé dans un marathon pour tenter de persuader le gouvernement grec d'accepter des réformes qui ne soient pas trop éloignées de celles qu'il a rejetées la semaine dernière.
Les partenaires de la Grèce restent toutefois sceptiques sur un accord qui serait conclu à la hâte. En Allemagne, un élu du bloc conservateur CDU-CSU d'Angela Merkel a accusé la Grèce d'induire l'Europe en erreur et estimé qu'un prêt ne devait pas être accordé maintenant.
"Les mesures provisoires sans condition, sans réformes, ne sont pas sérieuses et ne sont pas une base de discussion", a déclaré Hans Michelbach de l'Union chrétienne-sociale (CSU) bavaroise à la radio allemande. "Il ne faut pas continuer avec ce jeu délibéré des Grecs visant à semer la confusion (...)"
Le ministre français des Finances Michel Sapin, principal soutien de la Grèce au sein de la zone euro, a déclaré sur RTL que le but de la France était de trouver un accord, avant le référendum de dimanche "si c'est possible", même si l'affaire relève de la gageure.
Il a souligné que ce n'étaient pas les Allemands qui étaient les plus durs mais les "petits pays" de la zone euro qui "ont fait de gros sacrifices ces dernières années" et qui ne veulent pas accorder une aide supplémentaire, estimant que leur niveau de vie est déjà plus bas que celui des Grecs.
Une réunion de la Banque centrale européenne est également prévue à Francfort. Le conseil des gouverneurs décidera s'il faut maintenir, augmenter ou réduire les financements d'urgence accordés par la banque centrale et qui permettent de maintenir les banques grecques à flot malgré une vague de retraits sur les comptes bancaires et le défaut de l'Etat grec.
La Bundesbank allemande est en tête des "durs" qui soutiennent que la BCE ne peut continuer à fournir des fonds via la banque centrale grecque à des établissements financiers qui sont soutenus par un Etat insolvable.
Une des possibilités serait d'augmenter la décote ("haircut") passée sur les obligations d'Etat grecques présentées en nantissement de demandes de financement.
Les banques grecques sont fermées pour la semaine et le retrait aux distributeurs de banques est limité à 60 euros par jour.
(Danielle Rouquié pour le service français, édité par Véronique Tison)