ORLEANS, Loiret (Reuters) - Le gouvernement français, qui a proposé de ramener à quatre semaines la période des soldes d'hiver et d'été à compter de 2019, a réaffirmé mercredi son souhait de maintenir le début des soldes d’hiver en janvier, là où les grandes enseignes situées en zone touristique voudraient l'avancer au lendemain de Noël.
"Un certain nombre d’acteurs, en particulier dans les zones touristiques, auraient souhaité que les soldes commencent plus tôt. En revanche, les commerçants indépendants sont très majoritairement en faveur d’une date plus éloignée pour pouvoir écouler leurs stocks", a déclaré la secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances, Delphine Geny-Stephann.
"C’est pour ça qu’on a choisi de rester dans l’équilibre parce qu’on ne voulait pas favoriser une vision sur l’autre", a-t-elle dit à Reuters en marge d’une déambulation dans les rues d’Orléans à l’occasion du premier jour des soldes d’hiver, parlant de "positions qui n’étaient pas réconciliables".
Plus tôt dans la journée, Pierre Peralley, le directeur général du Printemps Haussmann, interrogé par BFMTV, avait de nouveau plaidé pour cette option d’ouverture avancée.
"Je crois qu’il y avait besoin d’une clarification de ces dates de soldes. Donc (le raccourcissement de la période des soldes-NDLR) est une bonne mesure. On aurait préféré que ça se fasse un peu plus tôt dans l’année et que ça se fasse le 26" décembre, a-t-il plaidé. "Pourquoi? Parce qu’on a une clientèle internationale et que Londres, par exemple, démarre le 26. C’est un élément de compétitivité pour nous."
BLACK FRIDAY PARTOUT ?
Le raccourcissement de la période de soldes sera proposé au premier semestre 2018 dans le projet de loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) sur les entreprises et c’est le législateur qui décidera de ce qu’il y aura dans la loi au final, a dit Delphine Geny-Stephann.
En dehors de cette période, "les commerçants pourront réfléchir par eux-mêmes à un événement de type Black Friday", a encore dit la secrétaire d’État.
"Cette courte période de promotions, sur deux ou trois jours, au niveau national serait destinée à stimuler le commerce, notamment de proximité", a précisé le Ministère de l’Économie et des Finances dans un communiqué.
La période des soldes avait été portée de cinq à six semaines en 2015, tandis que les deux semaines de soldes dits "flottants" - laissées au choix des commerçants - avaient été supprimées afin de redynamiser les soldes réglementaires.
La généralisation des promotions et des offres privées tout au long de l'année, ainsi que la percée des sites de ventes événementielles et la multiplication des magasins de déstockage ("outlets") ont largement vidé de leur substance ces périodes de rabais pendant lesquelles les commerçants sont autorisés à vendre à perte pour écouler leurs stocks d'invendus.
Le poids des soldes dans le chiffre d'affaires du secteur a reculé de 7% depuis 2014 pour totaliser 20% des ventes d'habillement, selon les données de l'Institut français de la mode (IFM). Dans le même temps, celui des promotions a progressé de 5% pour atteindre 27% des ventes.
"De moins en moins de clients achètent aujourd'hui des produits à plein tarif et les comportements d'achat des millenials ont radicalement changé", souligne Julia Amsellem, associée au sein du cabinet Ernst & Young.
Les jeunes générations, très averties grâce aux réseaux sociaux, savent où trouver les bonnes affaires, les ventes privées, les sites d'occasion ou les outlets.
"Si le rôle des soldes diminue, ils restent toutefois indispensables pour écouler les stocks. Ils compensent les aléas d'hivers trop doux ou d'étés trop frais", ajoute Julia Amsellem.
(Mourad Guichard, avec Pascale Denis et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)