PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy s'est prononcé jeudi sans ambiguïté pour des primaires ouvertes à "toute l'opposition" en vue de l'élection présidentielle de 2017, tout en soulignant qu'il n'y aurait pas de "succès individuel sur la faillite générale".
L'ancien président, candidat à l'élection à la présidence de l'UMP le 29 novembre face à Bruno Le Maire et Hervé Mariton, s'exprimait à l'occasion de son second meeting de campagne près de Troyes (Aube), fief de l'ancien ministre François Baroin, qui lui a apporté son soutien.
Une réunion publique d'un nouveau genre pour Nicolas Sarkozy qui avait choisi de répondre à des questions de militants, pour la plupart pré-sélectionnées via Twitter et internet.
En préambule, il a renouvelé, sans les nommer, son appel au rassemblement et à l'apaisement à l'endroit d'Alain Juppé et François Fillon, ses plus sérieux rivaux pour la primaire de 2016 à laquelle Xavier Bertrand est également candidat.
La campagne pour l'investiture à droite a véritablement commencé cette semaine avec la confrontation des projets des principaux protagonistes.
"Je veux que chacun comprenne que dans une famille, on peut avoir des idées différentes, on peut s'aimer plus ou moins, mais qu'on reste membre de la famille et que son devoir, c'est de construire ensemble, et non pas de se battre les uns contre les autres", a dit Nicolas Sarkozy.
"Mon objectif, ce n'est pas qu'on se ressemble tous, ce n'est pas qu'on fasse semblant de construire un monde où on dirait qu'on doit tous partir en vacances ensemble, mais que chacun comprenne cette chose simple : il n'y aura pas de succès individuel sur la faillite générale", a-t-il insisté.
"Pour qu'il y ait le succès d'un ou d'une en 2017, il faut d'abord qu'il y ait la reconstruction collective et le succès collectif d'une famille politique dont le devoir est de créer les conditions d'une alternance". "Ça compte davantage que de savoir si on s'aime ou si on s'aime un peu moins".
Une invite à Alain Juppé et François Fillon, qu'il a rencontré jeudi après de longs mois de brouille, à ne pas brûler les étapes, alors que l'UMP entame à peine sa refondation.
"ON N'EN PARLE PLUS"
"Pour le reste, qu'il y ait des personnalités fortes dans notre famille, c'est moi qui vais reprocher les tempéraments forts? Demandez à Carla, je ne suis pas sûr d'être le mieux placé!", a-t-il lancé à l'adresse de son épouse, présente dans la salle.
"Qu'il y ait des ambitions, c'est moi qui vais les reprocher, alors que toute ma vie j'ai porté cette ambition?"
A une question sur la fiabilité des primaires quant à la désignation du meilleur candidat pour l'Elysée, Nicolas Sarkozy a répondu d'un sourire, dans une allusion implicite à François Hollande, vainqueur de la primaire socialiste de 2011 : "Pas sûr, pas sûr du tout". Le message semblait valoir aussi pour sa famille politique.
Soupçonné de vouloir escamoter la primaire d'investiture prévu par les nouveaux statuts de l'UMP, Nicolas Sarkozy a voulu clore le débat : "Je voudrais que maintenant on n'en parle plus, que ce ne soit pas l'occasion de querelles entre nous".
"Je peux comprendre qu'il y ait des réserves sur le principe", mais "si on ne les fait pas, ça créerait une division entre nous", a dit Nicolas Sarkozy.
"Il y aura des primaires, ces primaires seront ouvertes", a-t-il assuré, précisant, comme dans Le Figaro Magazine, que les modalités de la procédure seraient intégralement retranscrites dans les futurs statuts du mouvement politique qu'il appelle de ses voeux.
"Toute l'opposition" sera conviée pour ne pas "se payer le luxe de la division des candidatures" face au Front national, a-t-il dit.
Alain Juppé, qui avait prévenu qu'un abandon des primaires serait "un point de conflit dur", a salué lors d'une émission sur France 2 les propos de l'ancien président.
"Je suis totalement rassuré (...) maintenant on en parle plus, on va le faire", a déclaré le maire de Bordeaux, précisant qu'il souhaitait pour sa part une primaire ouverte à "tous les électeurs".
"Je veux aussi m'adresser aux déçus du socialisme et à ceux qui se rendent compte de ce qu'est le programme du Front national", a ajouté Alain Juppé.
(Sophie Louet, avec Marion Douet, édité par Danielle Rouquié)