Les taux de TVA, les retraites, quelques milliards d'écart budgétaire et une dette colossale: autour de ces quatre axes se concentraient lundi les désaccords, plus ou moins profonds, entre la Grèce et ses créanciers.
- L'effort budgétaire
Après plusieurs semaines de débat, ce n'est plus le point le plus problématique de la négociation qui doit permettre à Athènes de toucher quelque 7 milliards d'euros d'aide, suspendus à un feu vert de ses créanciers (Union européenne, BCE et FMI) depuis l'été dernier.
Les créanciers demandent à Athènes de s'engager pour plusieurs années à réaliser un excédent budgétaire dit "primaire", c'est-à-dire un excédent budgétaire avant charge de la dette. En clair, l'Etat grec doit être capable de payer lui-même ses factures et ses fonctionnaires.
Aux dernières nouvelles, l'écart était d'un peu moins d'un milliard d'euros entre les demandes des Européens et du FMI, et l'effort promis par la Grèce. Athènes, pour combler le trou, serait notamment prêt à revoir ses dépenses de défense.
- La TVA et la fiscalité
Sur ce point, les créanciers restaient lundi insatisfaits. Ils demandent à la Grèce d'augmenter ses recettes de TVA en remontant certains taux. Athènes a tracé en la matière une ligne rouge: pas touche à la TVA sur l'électricité, dont une hausse à 23% aurait de lourdes conséquences sociales.
Le débat était engagé en revanche sur le taux pratiqué dans des secteurs clé pour l'économie grecque, très tournée vers le tourisme, comme l'hôtellerie ou encore la restauration. Athènes aurait aussi, selon la presse grecque, accepté de limiter le champ d'application du taux de TVA le plus bas, de 6%, aux médicaments, livres, places de théâtre.
En suspens également, la question de la TVA réduite dont bénéficient à titre d'exception les îles grecques. Selon la presse grecque, le gouvernement pourrait céder pour les îles les plus prospères telles que Mykonos, Santorin ou Rhodes.
Athènes promet aussi des recettes supplémentaires via une taxe extraordinaire sur les bénéfices des entreprises, ou des prélèvements plus élevés sur les hauts revenus.
- Les retraites
Voilà un domaine très délicat dans les négociations. Selon la presse grecque, Athènes proposerait dès l'an prochain de supprimer les mécanismes de pré-retraite, et de tailler dans les (peu nombreuses) retraites complémentaires supérieures à 1.000 euros.
Pour les créanciers, le régime de retraite grec doit être mis à l'heure du "zéro déficit", via des coupes.Ils prescrivent de limiter les retraites anticipées ou encore de faire payer plus cher les soins de santé aux retraités. Mais le FMI et les autres semblent avoir accepté une demande forte du gouvernement grec, consistant à épargner les plus modestes pensions.
- Marché du travail, privatisations
En matière de marché du travail, que les créanciers veulent déréguler davantage, les divergences se sont réduites.
Sur les privatisations aussi, les positions se sont rapprochées, Athènes étant revenu sur son opposition de départ en affirmant vouloir en faire un instrument de croissance. Mais si un compromis se dessine pour la cession au privé des ports et aéroports, la Grèce refuse les privatisations dans l'électricité réclamées par ses créanciers.
- La dette
C'est certainement le grand tabou des discussions, au moins du côté des partenaires de la Grèce.
Les créanciers laissent planer le flou sur la question de la dette publique grecque, pourtant prévue par la Commission à 180% du PIB pour 2015, un niveau jugé insoutenable de l'avis général.
La Grèce veut elle que le principe d'une restructuration, très épineux politiquement dans des pays comme l'Allemagne, soit réaffirmé. La zone euro s'était engagée à en discuter en 2012 une fois le budget grec en excédent primaire, mais a reculé une fois ce solde passé au vert, en janvier 2014.
Pour assurer le financement du pays à l'expiration, le 30 juin, de son plan de sauvetage en cours, les discussions portent en attendant sur une extension de ce programme, peut-être jusqu'à la fin de l'année. En échange de ce maintien sous surveillance, la Grèce pourrait puiser dans des fonds déjà existants, comme près de 11 milliards d'euros destinés aux banques grecques et non utilisés.