STRASBOURG (Reuters) - La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a implicitement confirmé mardi que la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) ne fermerait pas d'ici la fin du quinquennat de François Hollande, comme le chef de l'Etat s'y était engagé.
Cette annonce a suscité de vives critiques de responsables d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), notamment de l'ancienne ministre du Logement Cécile Duflot et du député Denis Baupin, pour qui la décision de fermeture "doit être prise maintenant".
La loi sur la transition énergétique, adoptée en juillet, prévoit le plafonnement de la production d'énergie nucléaire à son niveau actuel, ce qui imposera la mise à l'arrêt d'une centrale - a priori la centrale alsacienne – lors du lancement de l'EPR de Flamanville.
Or EDF (PARIS:EDF) a annoncé la semaine dernière que la mise en service de Flamanville n'interviendrait pas avant 2018, mettant à mal la promesse de François Hollande de fermer Fessenheim d'ici 2017.
"Il y a l'application de la loi, donc c'est assez simple maintenant puisqu'il y a un plafonnement de la production d'énergie nucléaire à 63,2 gigawatts, ce qui veut dire que quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer", a dit Ségolène Royal à la presse en marge d'un déplacement à Strasbourg.
"Donc Flamanville va ouvrir, puisque c'est 2018, et donc en effet Fessenheim devra fermer", a-t-elle ajouté.
Fessenheim est la doyenne des centrales nucléaires françaises et sa fermeture est un engagement de campagne du chef de l'Etat, pressé par les écologistes de passer aux actes.
Alors qu'il annonçait peu après son élection une fermeture fin 2016, François Hollande ne mentionnait plus en mars dernier que "l'horizon de la fin du quinquennat".
"Fessenheim fermée en 2018 (ou pas)... de la parole présidentielle (ou pas) #quandlespoulesaurontdesdents, écrit Cécile Duflot sur son compte Twitter.
Le député européen Yannick Jadot écrit pour sa part, également sur Twitter : "Décidément Ségolène Royal en flagrant délit de dérive nucléaire. En flagrant déni de la faillite nucléaire".
Pour Denis Baupin, député EELV et vice-président de l'Assemblée nationale, il revient à François Hollande de confirmer son engagement de fermer la centrale de Fessenheim pendant son quinquennat.
"Il en va de la crédibilité de la parole présidentielle et du respect de la loi votée et validée par le Conseil Constitutionnel", écrit-il dans un communiqué.
(Gilbert Reilhac, avec Gérard Bon édité par Yves Clarisse)