STRASBOURG (Reuters) - La cour d'appel de Colmar a ordonné jeudi l'incarcération provisoire de l'ancien Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj, dans l'attente de la réception d'une demande formelle d'extradition pour crimes de guerre émanant de la Serbie, a annoncé le parquet général.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Colmar devra par la suite statuer sur la validité juridique de cette demande, dit-il dans un communiqué.
Ramush Haradinaj a été arrêté mercredi à l'aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg par la police des frontières à sa descente d'un avion en provenance de Pristina, la capitale du Kosovo, en exécution d'un mandat d'arrêt international émis par la Serbie en 2004.
Le Kosovo a dénoncé jeudi son arrestation et réclamé que l'Union européenne obtienne de la Serbie l'abandon des mandats d'arrêt visant d'anciens rebelles kosovars.
A Belgrade, le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a jugé pour sa part que si la France ne l'extradait pas, les Etats d'Europe de l'Ouest perdraient toute légitimité à faire la leçon à la Serbie sur la mise en oeuvre de sa réforme judiciaire liée à son dossier d'adhésion à l'UE.
Chef rebelle pendant la guerre de 1998-1999 au Kosovo, Ramush Haradinaj avait été Premier ministre en 2004 et 2005. Jugé pour crimes de guerre, il a été acquitté deux fois par le tribunal des Nations unies à La Haye.
La chambre de l'instruction devra notamment vérifier si les faits pour lesquels il existe un mandat d'arrêt n'ont pas déjà été jugés par ce tribunal et s'il existe des motifs de ne pas faire droit à la demande, notamment dans le cas où la demande d'extradition est faite pour des motifs politiques, a-t-on précisé de sources judiciaires.
Ramush Haradinaj voyageait avec un passeport diplomatique.
(Gilbert Reilhac, avec Fatos Bytyci à Pristina, édité par Chine Labbé et Henri-Pierre André)