BERLIN (Reuters) - Un Syrien de 27 ans dont la demande d'asile en Allemagne avait été rejetée est mort dans l'explosion de la bombe qu'il portait, aux abords d'un festival de musique dimanche en Bavière.
Douze personnes ont été blessées, dont trois grièvement, selon la police, dans l'explosion qui s'est produite à Ansbach, petite ville de 40.000 habitants, au sud de Nuremberg, qui abrite une base militaire américaine.
Peu avant de déclencher l'explosion devant un restaurant, le Eugens Weinstube, l'homme s'était vu refuser l'entrée du festival de musique Ansbach Open, a déclaré le ministre bavarois de l'Intérieur, Joachim Herrmann, lors d'une conférence de presse. Deux mille personnes ont été évacuées du festival après l'explosion.
La panique s'est emparée de la ville après l'explosion, les attaques se multipliant en Allemagne. Il s'agit en effet de la quatrième attaque contre des civils dans le pays en une semaine.
Vendredi, neuf personnes ont été tuées dans un centre commercial à Munich par un adolescent de 18 ans fasciné par les tueries de masse. Plus tôt dimanche, une femme enceinte a été tuée à Reutlingen dans le Bade-Wurtemberg (sud de l'Allemagne) par un réfugié syrien de 21 ans armé d'une machette; l'acte terroriste a été écarté.
Lundi dernier, cinq personnes ont été blessées dans un train par un jeune Pakistanais qui les a attaqués à coups de hache et de couteau avant d'être abattu par la police. L'attaque a été revendiquée par l'organisation djihadiste Etat islamique.
Cette série d'attaques risque de nourrir le malaise de l'opinion publique quant à la politique d'accueil des réfugiés menée par la chancelière Angela Merkel, en vertu de laquelle plus d'un million de migrants sont entrés en Allemagne l'an dernier
INTENTIONS FLOUES
Le kamikaze devait être expulsé vers la Bulgarie, a déclaré lundi un porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur.
Joachim Herrmann, cité par le journal Die Welt, n'exclut pas pour sa part qu'il se soit agi d'un attentat suicide islamiste, ce que la police bavaroise n'a pas déterminé.
A Berlin, le porte-parole du ministère de l'Intérieur a jugé que le danger d'attaques et d'attentats demeurait élevé en Allemagne. "Le danger d'attaques est élevé depuis longtemps et le demeure", a dit Tobias Plate lors d'un point de presse.
De son côté, le journal Neue Osnabrücker Zeitung écrit que la police allemande dispose de 410 pistes vers d'éventuels "terroristes" parmi les réfugiés présents en Allemagne. Les agents du BKA (Bureau fédéral de la police criminelle) ne disposent cependant pas d'indices concrets concernant des projets d'attentats, ajoute le journal.
La demande d'asile du jeune homme, entré il y a deux ans en Allemagne, avait été rejetée il y a un an. Il avait déjà tenté de se suicider à deux reprises avant l'explosion de dimanche, a dit Joachim Herrmann. Ses intentions, se suicider ou "emporter d'autres dans sa mort", restent encore floues, a-t-il dit dimanche selon un site d'information local.
Les explosifs et les morceaux de métal retrouvés dans son sac à dos auraient cependant pu tuer bien plus de personnes, a précisé le ministre.
(Thomas Krumenacker et Andrea Shalal, avec Joern Poltz à Munich et Reuters TV, Julie Carriat et Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser)