La Bourse de Paris a vécu une nouvelle séance très difficile, cédant plus de 2% sur fond de rumeurs infondées de dégradation de la note de la France, et certains poids lourds de la cote, comme EDF et Crédit Agricole, ont touché en clôture leur plus bas historique.
Au terme d'une séance très volatile, l'indice parisien CAC 40 a cédé 2,05% à 3.174,02 points. Le volume d'échanges a été inhabituellement fourni, à 4,264 milliards d'euros, témoignant de la nervosité des intervenants à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle.
Deux composantes du CAC 40 ont fini au plus bas niveau de leur histoire boursière: Crédit Agricole à 3,66 euros et EDF à 15,31 euros.
La banque verte a été introduite en Bourse en décembre 2001 au prix de 16,60 euros. Touchée de plein fouet par la crise des "subprimes" et son exposition aux dettes souveraines européennes, son cours de Bourse s'est spectaculairement dégradé ces dernières années, à l'image de l'ensemble des valeurs bancaires européennes. Depuis la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, l'action Crédit Agricole a perdu près de 74%.
EDF, entré en Bourse en novembre 2005 au prix de 32 euros, pâtit des incertitudes concernant l'avenir du secteur énergétique.
François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle, veut notamment suspendre la loi Nome, censée favoriser le développement de la concurrence sur le marché français de l'électricité.
"D'une manière générale, vu les craintes sur la croissance économique mondiale et sur la zone euro en particulier, les cours de Bourse d'une société représentent de moins en moins les fondamentaux et la valeur des actifs qui la composent. Ce sont des facteurs psychologiques qui jouent sur le marché", note Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.
Cette morosité ambiante a pesé sur l'ensemble de la cote.
Le début de séance avait pourtant été favorable alors que l'Espagne a réussi à lever 2,5 milliards d'euros et ainsi couvert la moitié de son programme de financement pour 2012 même si elle a dû concéder des coûts d'emprunt à dix ans en hausse.
Mais l'indice parisien a brusquement décroché en début d'après-midi pour passer sous les 3.200 points peu après 16H00.
A trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, "une rumeur de dégradation de la France" a agité le marché, explique un vendeur d'actions parisien sous couvert d'anonymat.
Cette hypothèse a été rapidement démentie par une source gouvernementale française qui l'a jugé infondée, d'autant qu'aucune des trois grandes agences de notation n'a menacé la France d'une rétrogradation imminente.
"Nous ne croyons pas à une telle dégradation si près de l'échéance électorale. Mais on se retrouve comme au mois d'août dans un marché fragile" où le moindre bruit prend une grande ampleur, souligne Arnaud de Champvallier, directeur de Turgot Asset Management.
Paris a déjà perdu son triple A auprès de Standard and Poor's en janvier, rendant peu probable, dans l'immédiat, une nouvelle dégradation par cette agence. Lundi, Moody's avait indiqué ne pas prévoir de changement imminent de la note de la France, notée "Aaa", mais avec une perspective négative. Interrogée par l'AFP, Fitch Ratings a pour sa part répété jeudi qu'elle n'envisageait pas de toucher au triple A français avant 2013.
Les indicateurs américains ont contribué à la déprime du marché.
Les nouvelles inscriptions au chômage ont reculé au cours de la deuxième semaine d'avril, mais moins que ce que prévoyaient les analystes.
L'activité manufacturière de la région de Philadelphie a ralenti tout comme l'indice composite de l'activité économique publié par le Conference Board.
Enfin, les ventes de logements anciens ont baissé pour le deuxième mois d'affilée en mars, confirmant la reprise très poussive de l'immobilier américain.
Les autres places financières européennes ont également beaucoup souffert, Madrid reculant de 2,42% à son plus bas niveau en trois ans, Milan de 2,01%, Francfort de 0,90%. L'indice Eurostoxx a pour sa part cédé 1,85%.