Près d’un an après sa dernière émission, le géant pétrolier étatique Petrobras, au cœur du plus vaste scandale de corruption de l'histoire du Brésil, vient de signer son retour sur le marché obligataire.
Pour convaincre les investisseurs et lever 6,75 milliards de dollars, le pétrolier a dû offrir de solides rendements. Le montant a été ventilé en deux tranches à cinq et dix ans.
Dans le détail, l’emprunt à cinq ans a offert un rendement à l’émission de 8,63%, correspondant à une prime en regard des taux d’emprunt d’Etat US de maturité comparable de 735 points de base. Dans les premiers échanges, l'obligation est orientée à la hausse avec un prix d'achat de 99,30%.
A titre de comparaison, l'obligation à cinq ans de l'Argentine émise à la mi-avril propose actuellement un rendement annuel de 5,80%.
L’emprunt à dix ans a offert pour sa part un rendement à l’émission de 9%, correspondant à une prime de 722 points de base. Il se traite dans les premiers échanges aux alentours des 99% du nominal.
La coupure est fixée à chaque fois à 2.000 dollars, ce qui implique donc un risque de change. A noter encore qu’il s’agit d’obligations de type senior non-sécurisé. Elles bénéficient de rating spéculatifs B+ chez Standard & Poor’s, BB chez Fitch et B3 chez Moody’s.
Petrobras a indiqué que le produit de l’émission serait utilisé pour partie à rembourser de manière anticipée jusqu’à trois milliards de dollars d’obligations remboursables en 2018.
Rebond sur les marchés financiers
Ces rendements peuvent paraître élevés mais ils sont nettement inférieurs à ceux observés il y a encore quelques semaines. En début d'année, l’obligation 5,375% - 2021 affichait par exemple plus de 14% de rendement annuel en dollar.
Le cours de bourse a lui aussi rebondi, dans l’espoir d’un changement politique au Brésil et de l’émergence d’un nouveau gouvernement capable de relancer la croissance de la plus grande économie d’Amérique latine. Depuis février, l'action a plus que doublé pour se traiter ce mercredi à 7 dollars. On est certes toujours bien loin des 20 dollars du début 2014, avant que le vaste scandale de corruption, aux ramifications politiques, n’éclabousse le géant pétrolier.
Pour rappel, pendant de nombreuses années, Petrobras fut au cœur d’un gigantesque réseau de pots-de-vin, qui étaient en partie reversés à des responsables politiques. Un scandale qui lui a couté plusieurs milliards de dollars.
Côté résultats, Petrobras a clôturé le premier trimestre de l’année sur une perte nette de 318 millions de dollars, conséquence notamment de la chute des prix pétroliers et de la charge des intérêts de sa dette. Le groupe a précisé que sa production a atteint une moyenne quotidienne de 2,6 millions de barils, en baisse de 7% en glissement annuel.
A noter encore que l’entreprise est entrée dans un processus de réduction de ses coûts. Les investissements au cours des trois premiers mois de l’année ont diminué de 25% par rapport au trimestre précédent, à quatre milliards de dollars, a-t-elle indiqué.