Abengoa, qui s'est déclarée le 25 novembre en situation de pré-dépôt de bilan, dévoilera son plan de redressement financier fin janvier. Pour la société de gestion de dette en situation spéciale Delta AM, les créanciers obligataires doivent se manifester et rester unis.
Pour rappel, l’entreprise andalouse Abengoa est spécialisée dans l'énergie solaire et éolienne, ainsi que dans les biocombustibles, le traitement et la désalinisation de l'eau. Elle comptait fin septembre plus de 28.000 employés dans le monde, dont environ 7.000 en Espagne et réalise la majorité de ses revenus en dehors de son territoire domestique, avec une présence marquée en Amérique du Nord et du Sud.
Suite à une politique d'investissement inconsidérée, Abengoa est rattrapée par un endettement massif de 8,9 milliards d'euros, avec une restructuration de sa dette qui n’augure rien de bon pour les créanciers obligataires, au vu des cours actuels sur le marché secondaire.
A titre d’exemple, l’emprunt de 375 millions d’euros Abengoa Finance SAU (7% - 2020) se traite à 14% du nominal. L’emprunt de 265 millions d'euros Abengoa Greenfield SA (5,50% - 2019) évolue pour sa part autour des 12% du nominal.
Défendre l'intérêt des obligataires
Dans cette phase toujours malheureuse pour les porteurs obligataires, ceux-ci tentent de ne pas être laissés pour compte. Delta Alternative Management, une société de gestion indépendante spécialisée dans la gestion de dettes en situation spéciale, cherche à fédérer autour d’elle des fonds afin de défendre au mieux les intérêts des obligataires, dans un processus qui s'annonce extrêmement complexe, relève l’Agefi (les obligataires d'Abengoa se serrent les coudes).
Selon Bloomberg, la firme mène des discussions avec six fonds américains et britanniques, dans le but de défendre les droits des porteurs obligataires mais aussi, de proposer une alternative au groupe de créanciers formé en novembre et qui est constitué de grands investisseurs comme BlackRock et AIG.
Au total, plus de 300 fonds différents détiendraient de la dette obligataire émise par Abengoa.
"Les porteurs d'obligations doivent se manifester"
Delta AM redoute que la restructuration ne se fasse au profit des banques et aux dépens des obligataires, alors que ceux-ci auraient une quantité de dette "corporate" équivalente à celle des banques.
Interrogé par l’Agefi, Thibaut Sciard, directeur général de Delta AM, se dit "prêt à contribuer à la restructuration du bilan d’Abengoa, qui reste une société rentable, assise sur des actifs tangibles, dans un secteur particulièrement recherché". Toujours selon Thibaut Sciard, une injection d'argent frais pour soutenir la liquidité à court terme, un effacement substantiel de dette en échange de capitaux et une extension des maturités permettraient des recouvrements réalistes pour l'ensemble des créanciers.
Ce scénario de conversion en actions nécessiterait l'appui de 50% à 75% des créanciers indique Thibaut Sciard, raison pour laquelle "les obligataires doivent se manifester et rester unis", ajoute-t-il.