Les marchés sont soumis à une énorme tension ce matin, tiraillés entre deux informations majeures associées au contexte pétrolier et aux banques centrales. Hier, Mario Draghi a rappelé une nouvelle fois que la BCE se tenait prête à réviser sa politique monétaire en mars. Autrement dit, le rendez-vous déjà lancé aux opérateurs boursiers se précise. Puisque la politique actuelle de la banque centrale européenne est un cuisant échec, autant la renforcer ! Mais surtout, l’intéressé pourrait annoncer un plan de rachat de dettes douteuses pour éponger le secteur bancaire italien. Tout un programme ! Ces informations « positives » aux yeux des opérateurs pourraient néanmoins être rapidement balayées aujourd’hui. Décryptage.
Une réunion majeure à suivre de près
En effet, une réunion essentielle se tient actuellement au Qatar. Essentielle, dans le sens où elle déterminera clairement la tendance boursière à adopter dans les prochaines heures. Souvenons-nous : il y a un mois, les Russes avaient tenté de négocier une régulation de la production mondiale de pétrole, donc de l’offre excédentaire, avec les Saoudiens. Peine perdue, malgré les appels conjoints de plusieurs pays (tous n’étant pas membres de l’OPEP) pour rapidement contrôler les prix du pétrole. Avec un baril voisin des 30$, énormément de producteurs mondiaux sont pris à la gorge, laissant craindre une avalanche de faillites dans le secteur pétrolier cette année, au sein des acteurs de moyenne importance. Et par répercussion, des troubles financiers auprès des banques créancières de ces acteurs en difficulté peuvent facilement être anticipés.
Toujours est-il qu’une réunion très suivie se tient aujourd’hui au Qatar entre les ministres du pétrole saoudien et russe, en plus de représentants qataris et vénézuéliens. Nous ne nous attendons pas à de véritables décisions, fortes, à ce niveau. Il ne faut jamais perdre de vue l’intérêt des Saoudiens à maintenir leurs parts de marché au niveau mondial via une offre totalement excédentaire, quitte à puiser dans leurs réserves de change et à créer (chose exceptionnellement rare) un véritable déficit budgétaire, afin de liquider purement et simplement les secteurs pétroliers dans les pays jugés concurrents. Qui plus est sur fond géopolitique où Russes et Saoudiens n’ont clairement pas les mêmes visées sur des sujets majeurs comme la Syrie ou l’Iran.
Pour autant, il faudra clairement se méfier aujourd’hui des fuites et des rumeurs autour de cette réunion, les marchés resteront très nerveux et très susceptibles à la moindre pseudo-annonce. Tout élément allant dans le sens d’un statu quo (absence de réels quotas de production au sein de l’OPEP) devrait maintenir une pression baissière aujourd’hui. A l’inverse, si de véritables éléments contraignants (et non pas des demi-mesures symboliques !) sont annoncés, une hausse du Brent, du WTI et des indices mondiaux serait légitimement attendue. Pour l’heure, nous travaillerons sur l’indice allemand au travers d’un point de confluence fixé sur les 9 170 points.