Le monde financier est devenu très complexe. Les informations circulent à grande vitesse. Pas facile de décrypter l'essentiel. Les obligations n'échappent pas à la règle. Car contrairement à ce que beaucoup pensent, l'univers obligataire est très animé. Il s'y passe toujours quelque chose de passionnant. Balises et événements qui ont retenu notre attention.
Ce qui nous plaît
Les devises émergentes - Rien ne semble arrêter leur progression en ce début d'année. Recherchées pour leur rendement, les devises des pays émergents boudées les années précédentes, enregistrent des performances notables en ce début d'année.
Les entreprises qui ont le vent en poupe
Casino Guichard : le groupe français a annoncé la mise en oeuvre d'un plan de revente d'actifs à hauteur de €1,5 milliards, destiné à réduire son endettement. Les marchés ont salué cette annonce et notamment les obligations. Nous pointons ici l'obligation perpétuelle subordonnée de Casino qui a progressé de 19% en un mois. Elle cote à présent aux alentours de 47% de sa valeur nominale et pourrait être remboursée anticipativement en avril prochain à 100%. Elle se négocie par coupures de €1.000 et appartient à la catégorie des obligations spéculatives avec un rating B. De quoi intéresser les investisseurs qui tablent sur un redressement de la société, tout en limitant le risque pris sur la société.
Mattel : la mythique poupée Barbie pourrait bien voir le bout du tunnel, cette année, à l'occasion de ses 60 ans. Mattel a annoncé que son sévère plan de restructuratiion a permis contre toute attente, un bénéfice de $15 millions au dernier trimestre de 2018. Mattel revient de loin, après la faillite de Toys'R' US en 2017 et le plan de restructuration qui en a découlé. Le société a réduit ses pertes en deux en 2018, à environ $ 500 millions. Nous pointons ici l'obligation à échéance 2025 et au coupon de 6,75% dont la progression sur le dernier mois a été de près de 10%.
General Electric (NYSE:GE) a surpris positivement les marchés lors de la publication de ses chiffres trimestriels avec un bénéfice de USD 666 millions au dernier trimestre 2018. Son chiffre d'affaires est quant à lui ressorti à USD 33,3 milliards, supérieur aux attentes. Après une année difficile, General Electric reprend donc le chemin du succès, grâce aux mesures drastiques prises en vue de réduire l'endettement de la société. Un des grands objectifs de son groupe est de regagner une notation durable dans la tranche A (catégorie investment grade). Nous mettons ici en évidence l'obligation en euro au coupon de 4,875% et à échéance 2037 qui a progressé de près de 10% en un mois.
Ce qui nous plaît moins
Un envrionnement de taux qui restent bas - Beaucoup prévoyaient des hausses de taux : ceux-ci se sont repliés. Le taux à 10 ans allemand est repassé sous la barre de 0,10%, un plus bas depuis 2016. Le taux à 10 ans des obligations du Trésor US s'établit à 2,70%, loin du niveau de 3,20% atteint en novembre dernier. Le taux à 10 ans allemand est repassé sous la barre de 0,10%, un plus bas depuis 2016. En cause : une croissance mondiale en ralentissement. Il faudra donc attendre encore avant de retrouver des rendements attractifs en € pour des émetteurs peu risqués.
Un marché primaire calme, très calme - Peu d'obligations au rendement attrayant sur le marché primaire. Notons par exemple la Turquie et l'obligation perpétuelle d'Engie (PA:ENGIE). Peu de nouvelles émissions attendues. Les émetteurs reviendront sans doute sur le marché à la faveur de la tendance redevenue positive sur les bourses. Ici aussi, la patience est de rigueur pour les investisseurs amateurs de risque modéré.
La banque Santander qui rompt un "gentleman agreement" - Elle crée un précédent en décidant de ne pas rembourser anticipativement son obligation "COCO" ( lire dans OBLIS SCHOOL la définition des COCO's) émise en mars 2014 d'un montant d'1,5 milliards d'euros. Décision surprenante : c'est la première fois depuis 2008 qu'une obligation de ce type n'est pas remboursée lors du premier CALL. D'autant que la banque a émis une nouvelle obligation "COCO" pour un montant de 1,2 milliards de dollars, quelques jours auparavant. Le marché s'attendait donc à ce que les nouveaux fonds levés soient affectés au remboursement de l'émission potentiellement remboursable. Ce ne fut pas le cas, au grand dam de certains traders. La banque Santander envoie un mauvais un signal au marché. L'impact sur les COCO's des autres banques s'est fait sentir, avec d'autres baisses de cours. Ce précédent va-t-il influencer d'autres banques à faire de même? Cela démontre-t-il une fragilité du secteur ? A suivre...
Jaguar qui annonce son 3ème trimestre consécutif en perte pour l'année 2018. La confiance des investisseurs atteint ses limites : l'obligation 2026 au coupon de 4,% perd 10% de sa valeur et atteint 8% de rendement. Les perspectives de Jaguar pour 2019 sont délicates.
Puinguin qui pâtit d'un avertissement sur bénéfices publié par sa maison mère Greenyards, faisant craindre le pire pour les obligations 2019. L'action a baissé de 20% en bourse dans la foulée et l'obligation de plus de 13%. Les mesures de restructurations s'accélèrent mais la pression sur les prix persiste dans ce secteur très concurrentiel.
Senvion, producteur allemand de turbines pour les éoliennes qui vit avec la concurrence par les prix, une pression sur ses marges et ses profits. Son entrée sur des marchés de croissance tels que l'Inde ne le protégera pas de cette pression. Elle risque aussi de l'exposer à des risques opérationnels (retards de chantier par ex.) tels que ceux rencontrés en Amérique du Sud. L'obligation 2022 au coupon de 6,375% encaisse le coup et perd près de 17% en un mois.