Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Valeurs de croissance (« growth ») ou « value » ? Les investisseurs privilégient les premières depuis déjà plusieurs mois et la conjoncture boursière actuelle de part et d’autre de l’Atlantique confirme cet état de fait, observe Philippe Béchade dans sa chronique hebdomadaire. Et toujours pas de rotation sectorielle…
Très malmené la semaine dernière, avec même une incursion vers les 4 666 points vendredi correspondant à un recul hebdomadaire de 6,5%, le CAC40 retrouve des couleurs ce lundi, engrangeant 1,9% vers 10h30.
La semaine close n’en fut pas moins dévastatrice pour les valeurs bancaires, les foncières et les sociétés parapétrolières, et ce n’est pas une surprise de les retrouver en tête du CAC40 et du SBF120 ce lundi… Les Bourses semblent en fait renouer avec la « tradition » des entames de semaines « bullish », qui depuis le 15 mai dernier n’a souffert que de très rares exceptions, dont le lundi 24 juillet et lundi dernier.
C’est en fait Wall Street qui a donné le la avec un puissant rebond des « technos » (+2,3%) vendredi. Les groupes pharmaceutiques ont également rebondi, mais les valeurs « value », entreprises pétrolières et autres groupes industriels, sont une nouvelle fois restées à quai. A croire que rien n’inverse le processus de polarisation des achats sur une poignée de « titans » (les GAFAM, encore et toujours) ou de licornes (dont la vélocité haussière affole la spéculation).
Les GAFAM systématiquement en soutien du Nasdaq et du S&P500
La grande leçon à retenir de la correction du mois de septembre est en fait qu’elle dément totalement l’une des thèses en vogue lors de l’envolée parabolique des « technos » et plus précisément des « stay at home stocks », celle d’un rééquilibrage qui s’opérerait en faveur de la « value » dès que l’exubérance irrationnelle se dissiperait.
Les indices ont chuté, les GAFAM sont de plus en plus travaillés et ce sont eux qui servent systématiquement de levier quand il s’agit d’enrayer la baisse du Nasdaq. Ils ont certes baissé depuis le 3 septembre dernier, mais leur emprise ne cesse d’augmenter en termes de capitaux échangés, entretenant un processus d’éviction des valeurs à faible capitalisation (pas d’acheteurs lors des replis).
Il en découle des statistiques paradoxales, avec une grosse majorité de titres du S&P500 en repli en fin de séance, mais des volumes de titres positifs majoritaires. Cela s’explique par des volumes titanesques sur Apple (NASDAQ:AAPL), Amazon (NASDAQ:AMZN), Nvidia (NASDAQ:NVDA), Zoom ou encore Tesla (NASDAQ:TSLA), les investisseurs – ou les manipulateurs d’indices – ne ramassent que ces titres quand le Nasdaq ou le S&P500 sont jugés survendus.
Le secteur bancaire reste à la traîne
Les valeurs bancaires étaient fréquemment citées comme l’exemple même du secteur « value » le plus sous-évalué qui avait tout à gagner d’un épisode correction sur le Nasdaq. Las ! A Paris, elles ont été « fracassées » la semaine dernière après avoir déjà sous-performé au sein du CAC40 du 30 août au 15 septembre.
Résultat des courses : BNP Paribas (PA:BNPP) et la Société Générale (PA:SOGN), qui emploient respectivement 200 000 et 140 000 personnes, et affichent une conservation (des dépôts) supérieure à plusieurs fois le PIB de la France, valent à elles deux réunies moins qu’une entreprise comme Adyen, spécialisée dans le paiement en ligne et qui n’emploie que 1 500 salariés, mais qui capitalise plus de 48 Mds€.
Plus largement, le secteur bancaire européen dans son ensemble affiche actuellement sa plus faible valorisation historique, bien en-deçà de 2009 !