Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Comme à chaque début de trimestre, je vous propose en ce mercredi une analyse des principaux indices américains – leurs homologues européens suivront – afin de prendre un peu de recul et surtout d’essayer de définir un plan de route pour les semaines et les mois à venir.
Le constat est assez simple concernant le S&P500, le Dow Jones et le Nasdaq : tous les trois se trouvent exactement dans la même configuration graphique, avec des signaux techniques identiques. De de ce côté-là au moins, les choses ont le mérite d’être simples.
Et si les graphiques que je m’apprête à vous soumettre donnent une perspective de long terme, c’est pour arriver à bien cadrer les mouvements de fond. Une fois n’est pas coutume, j’ai cependant choisi de les agrémenter de bougies hebdomadaires, ce pour plusieurs raisons.
Une résistance infranchissable ?
La principale raison, c’est qu’en ce début de troisième trimestre, tous les indices sont en train de tester des zones de résistance correspondant à leurs plus hauts historiques (« R » sur les trois graphiques). Par conséquent, et même pour un investisseur de long terme, que la résistance soit passée ou qu’elle donne lieu à une consolidation, il s’agira de ne pas lanterne pour arbitrer ses positions si nécessaire.
Être réactif donc, ce qui veut dire ici réagir sur une temporalité donnée par les unités de temps hebdomadaires.
Autre raison : le bal des publications des entreprises américaines va prochainement débuter. A cet égard, nos confrères de Bloomberg ont publié ce matin un article qui recèle une véritable bombe à retardement : au cours des dernières semaines, plus de 80% (!) des entreprises du S&P500 ont d’une façon ou d’une autre substantiellement réduit leurs perspectives et estimations de bénéfices.
Vu comme ça, on serait tenté de se dire que c’est plié, que le S&P500 ne pourra en aucun cas arriver à franchir la résistance « R », d’autant que celle-ci correspond à un plus haut historique. Sauf que c’est justement cette forte dégradation des perspectives qui pourrait lui permettre (ainsi qu’aux autres indices) de poursuivre sa course en avant.
Une ficelle grossière et éculée, mais qui marche…
C’est très simple, c’est habituel et la ficelle est on ne peut plus grossière : on abaisse les prévisions juste avant les publications, le plus fortement possible, de sorte à annoncer des résultats « meilleurs que prévu »…
Et puisque les publications se révèlent supérieures aux attentes – même si elles sont mauvaises -, il en découle un nouvel élan aux marchés ravis de cette nouvelle. Personne n’est dupe et Bloomberg l’admet d’ailleurs ouvertement dans son article, mais ça marche à tous les coups. Enfin, jusqu’ici…
Dans l’immédiat, nous avons des indices au top, sur des records (et des résistances) historiques, avec donc une vague de dégradations de perspectives à venir et le coup d’envoi imminent de la saison des publications.
À partir de là, comme je vous le disais en introduction, les commentaires vont être succincts, du même tonneau que pour les indices, puisqu’ils offrent les mêmes caractéristiques.
J’ai sélectionné un indicateur qui délivre de bons signaux dans un marché qui est actuellement de type « range », le Stochastic Momentum index (SMI), que vous retrouverez sur chaque graphique. Apparaissent ici les derniers signaux qu’il a donnés (les petites flèches rouges et vertes) et qui montrent sa pertinence dans ces conditions de marché.
On voit ici que le S&P500 est en train de tester sa zone de résistance historique « R », tandis que le SMI est haussier. Il lui reste néanmoins de la marge pour atteindre la zone de surachat.
Si la résistance est vaincue, le prochain objectif théorique équivaut à un report d’amplitude intermédiaire (les flèches bleues claires verticales), soit dans la zone des 3 200 points (le segment rouge pointillé), ce qui correspond à une dizaine de pourcents de progression supplémentaires.
Personnellement, je suivrais les signaux du SMI, sachant qu’en cas de consolidation le premier support intermédiaire (« S.I ») se situe dans la zone des 2 650 points.
Le Nasdaq Composite peut pousser vers les 9 000 points
Quant au Nasdaq Composite, il se trouve dans la même configuration que le SP500 : en train de tester sa résistance « R » qui correspond aux plus hauts historiques. Nous en sommes au quatrième test (les petites flèches rouges), avec là aussi un SMI bien orienté et disposant d’une marge de progression intéressante. Je suivrai ses signaux, mais si le Nasdaq Composite arrive à passer sa résistance, le prochain objectif projeté à l’aide des reports d’amplitudes (les flèches verticales oranges) se situe vers les 9 000 points (le segment rouge pointillé).
Enfin, c’est sensiblement la même chose pour le Dow Jones, qui évolue dans une configuration identique. En cas de cassure de la résistance « R » vers les 28 000 points, le premier support intermédiaire « S.I » se situera le concernant vers les 25 000 points.
Il va désormais falloir faire attention à la façon dont les marchés vont réagir aux publications de résultats. Grosso modo, si les bénéfices des « majors » sont en retrait, mais que la baisse est « moins pire que prévue » et que les actions montent, cela voudra dire qu’ils sont toujours sous la domination des élixirs euphorisants distillés par les banques centrales.
Avec des taux au plancher (surtout en ce qui concerne l’Europe), les marges de manœuvre sont néanmoins extrêmement réduites.
Le jour où les résultats et les prévisions seront en baisse, ET que les marchés réagiront en conséquence, nous serons alors revenus dans un univers disons… un peu plus rationnel.
Ce n’est pas le cas dans l’immédiat, et il faudra également être vigilant dans l’hypothèse où les résultats trimestriels seraient vraiment bons. Cela mettrait en effet la pression à la FED pour qu’elle ne revoie pas ses taux directeurs à la baisse comme le marché l’anticipait encore il y a quelques jours.
Au bout du compte, ce serait un sale coup pour les investisseurs que l’économie américaine continue à afficher une bonne forme…
Bonne séance,
Gilles