Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le mouvement perpétuel à la hausse semble solidement établi à Wall Street, ce depuis maintenant huit semaines. Il n’a en effet été interrompu que par deux petites pauses, fin juin et durant la seconde quinzaine du mois qui s’achève.
En termes chiffrés, cette dynamique s’est traduite vendredi par un huitième record absolu de clôture depuis le 1er juillet pour le S&P500, qui a bouclé la semaine sur des niveaux de 3 028 points. Le Nasdaq n’a pas été en reste, en ayant battu un sixième à 8 339,6 points, soit un gain hebdomadaire de 2,3%.
Et si le Dow Jones a pour cette fois passé son tour, tous les espoirs restent permis d’ici mercredi et la très attendue réunion de la FED.
Pour autant, les performances du Nasdaq et du S&P500 ne sauraient faire oublier qu’à chaque séance ou presque, et malgré des scores positifs, les baisses sont en réalité souvent plus nombreuses que les hausses... Avec, en creusant les choses, des achats hyper-concentrés sur une dizaine de valeurs et sur deux ou trois secteurs comme les semi-conducteurs, quelques biotechs et les réseaux sociaux.
La justification est systématiquement la même : ces valeurs sont chères, voire hors de prix… mais elles ont le mérite de ne pratiquement jamais décevoir.
Aussi les multiples poursuivent-ils leur expansion, jusqu’à donner le vertige, mais pour rien au monde les gérants ne veulent tenter leur chance sur des dossiers bradés et qui pourraient constituer des « situations de retournement ». Le problème, ce n’est pas tant le risque que le rebond n’ait pas lieu, mais que les valeurs délaissées soient pénalisées par une activité quotidienne très faible et des volumes d’échange jugés excessivement étroits.
Personne ne veut prendre le risque de l’illiquidité dans un marché susceptible de se retourner à la baisse à tout moment, à cause d’un chiffre décevant, d’un incident géopolitique, d’une expression malheureuse d’un membre de la FED ou d’un tweet de Donald Trump.
Donald Trump tance une nouvelle fois la FED
Le président s’est montré très en verve vendredi soir à l’occasion d’une conférence de presse convoquée de manière un peu impromptue à la Maison Blanche. Il avait manifestement envie de dire son fait à Emmanuel Macron, coupable à ses yeux de faire « une grosse bêtise » en taxant les « GAFA », un crime de lèse-majesté auquel il entend répondre par une taxation des vins français.
Donald Trump soupçonne également la Chine de s’employer à différer un « deal » avec les Etats-Unis jusqu’aux prochaines élections, ce qui rendrait vains les efforts des négociateurs américains, mais coûterait très cher en taxes à Pékin et rapporterait donc beaucoup de milliards de dollars à l’Amérique.
En l’occurrence, une fois n’est pas coutume, le locataire de la Maison-Blanche ne blâme pas Xi Jinping de jouer la montre (et la possibilité de l’élection d’un candidat démocrate), mais ses prédécesseurs qui ont laissé l’Empire du Milieu profiter de la faiblesse de l’Amérique.
Il ne pouvait cependant pas commenter l’actualité du moment sans s’en prendre une fois de plus à la FED, coupable à ses yeux d’avoir durci sa politique monétaire prématurément et trop brutalement.
Comment alors Wall Street résiste-t-il à de telles souffrances et comment les indices américains parviennent-ils à enchaîner record sur record ? Donald Trump s’est bien gardé de l’expliquer et soutient mordicus que « l’Amérique aurait pu avoir une croissance beaucoup plus forte si l’institution que dirige Jerome Powell s’était abstenue de monter les taux ».
Au surplus, selon lui, « la force du dollar reflète la force économique du pays » et de ce point de vue, l’euro ne peut pas rivaliser avec le billet vert. Cela signifie-t-il qu’il cessera d’« accuser » la Réserve fédérale américaine d’être la cause de l’ascension du dollar vers 1,11€ ?
Une chose est sûre : si ses prises de décision déçoivent le président mercredi, ce dernier ne manquera pas de redoubler de virulence à l’endroit de Jerome Powell.
Pour l’heure, de ce côté de l’Atlantique, le CAC40 semble quant à lui bien parti pour aligner une 21ème séance de stagnation entre 5 550 et 5 620 points !
Faire mieux que 20 sur 20 paraissait impossible, mais impossible n’est pas financier !