Casino vit une passe difficile et les investisseurs demeurent inquiets sur sa solidité financière. Dans un exercice de questions-réponses que vous pouvez découvrir en intégralité sur son site, le distributeur français tente de clarifier la situation.
En quelques semaines, le groupe stéphanois a subit une attaque en règle du fonds spéculatif Muddy Waters, a communiqué des ventes décevantes pour 2015 et est même menacé d'être réduit à l'état d’émetteur spéculatif par Standard & Poor’s.
Suite à l’avertissement de l’agence de notation, Casino a posté une note rédigée en anglais, dans laquelle son directeur financier répond aux multiples questions des investisseurs.
Dans les grandes lignes, Antoine Giscard d'Estaing revient sur les raisons qui selon lui ont poussé l’agence à mettre sous surveillance négative le rating « BBB- » du groupe, sur l’état des ventes au Brésil ou encore, sur la session de sa filiale Big C en Thaïlande.
Selon le directeur financier, la décision de Standard & Poor’s tient compte des ventes au quatrième trimestre de Casino, alors que les inquiétudes sont grandissantes sur la situation macro-économique dans les pays émergents et la récession au Brésil.
Au cours des derniers trimestres, Casino a été plombé par ses résultats au Brésil, qui représentent 40% de son chiffre d'affaires et de son résultat opérationnel. En cause, la dépréciation du réal et la baisse des dépenses des consommateurs, dans un contexte de hausse du chômage. Ses magasins d'électronique ont été frappés de façon particulièrement désastreuse.
"Comme indiqué dans notre dernier rapport trimestriel, nos activités au Brésil continuent de délivrer une bonne performance dans le secteur agro-alimentaire. Nous sommes confiant dans la capacité de GPA de fournir une bonne performance en 2016. Concernant les activités non-alimentaires, nos ventes ont décliné. En 2015, notre top priorité sera de maintenir une contribution positive du free cash-flow opérationnelle cette année", indique Antoine Giscard d'Estaing.
Intérêt pour sa filiale Big C en Thaïlande
Concernant les cessions d’actifs, alors qu’il pensait ne vendre que sa filiale vietnamienne, le groupe reçu des marques d'intérêt pour Big C en Thaïlande qu’il va étudier. La capitalisation boursière de Big C avoisine les cinq milliards d’euros à la bourse de Bangkok, soit une part de 2,9 milliards d’euros pour Casino sur base des derniers cours.
La vente de cette activité en Thaïlande suffira-t-elle à contenter Standard & Poor’s ? Pas sûre car dans sa propre note, l’agence indiquait qu’une éventuelle vente de sa participation dans Big C en Thaïlande pourrait être sensiblement diluée par un ralentissement sévère et prolongé au Brésil.
Pas d'impact sur les "covenants" de Rallye
Antoine Giscard d'Estaing confirme que l’argent des cessions servira à désendetter Rallye et que même sans ces fonds, Casino dispose des ressources nécessaires pour faire face à ses engagements », précise-t-il.
Par ailleurs, Antoine Giscard d'Estaing au passage que ni Casino, ni ses filiales, ni Rallye (sa maison-mère qui n’est pas notée) n'ont de covenants financiers liés à la notation crédit.
On apprend également que Casino, dont les prochaines échéances obligataires sont fixées en 2016 (386 millions d’euros) et 2017 (552 millions) pourrait en fonction des conditions de marché considérer certains rachats anticipés.
Les rendements obligataires restent sous pression
Malgré l'effort de communication de Casino, les rendements obligataires restent sous pression sur le marché secondaire.
Et pour cause, comme le rappelle l'agence Reuters, les obligations notées dans la catégorie spéculative ne peuvent être détenues par certains grands investisseurs institutionnels. Dans l'éventualité d’une relégation de Casino dans la catégorie spéculative, ils devraient vendre leurs obligations sur le marché secondaire, accentuant un peu plus la pression sur les cours.
Par ailleurs, cela fermerait la porte à ces mêmes investisseurs si Casino venait à l’avenir à solliciter le marché obligataire.
A titre d'exemple, l'emprunt senior (3,311% - 2023) se traite aux alentours des 88% du nominal, contre un cours supérieur à 96% vendredi à la clôture des marchés. Le rendement annuel de cette obligation, disponible par coupure de 100.000 euros, est porté à 5,60%.
Précision importante, si Casino était dégradé dans la catégorie spéculative à la fois par Standard & Poor's et par Fitch Ratings, le coupon de cette obligation serait augmenté de 125 points de base (1,25%)*. Avec comme conséquence négative pour Casino, une augmentation de la charge de sa dette.