En réaction à une note incendiaire de la maison de recherche Muddy Waters sur l’état de ses finances, le groupe français de grande distribution Casino a décidé de saisir l'Autorité des marchés financiers. Oblis fait le point.
Ce jeudi après-midi, les titres financiers du groupe Casino Guichard Perrachon et ceux de sa maison mère Rallye ont fortement chuté, clôturant la séance sur des baisses respectives de 11,51% et 19,35%.
En cause, une note à charge de Muddy Waters sur le distributeur, dans laquelle il dénonce son fort niveau d'endettement et qu’il dépeint comme "l’une des entreprises les plus surévaluées (...) qu’il ait jamais rencontrée".
Carson Block, spécialiste de la vente à découvert et fondateur de Muddy Waters, invite d'ailleurs les investisseurs à « shorter » l’action Casino qu’il valorise sous les 7 euros, contre un cours de 50 euros mercredi soir. Pire encore, il valorise Rallye au niveau… zéro.
Pour Carson Block, réputé pour ses sorties musclées, "les comptes financiers du distributeur sont difficiles à interpréter et cachent une activité fortement endettée, avec des artifices pour payer les dividendes et honorer ses échéances". L'activiste estime en outre que les difficultés de ses activités de distribution sont devenues "criantes".
Acteur historique de la distribution en France, Casino a souffert cette année de son exposition au Brésil, un marché qui représente environ 45% de son résultat opérationnel courant.
Casino n’est pas la première entreprise à subir une attaque en règle de la part de Muddy Waters, lequel compte parmi ses victimes le groupe singapourien actif dans le négoce de matières premières agricoles Olam ou encore le négociant chinois de matières premières Noble Group.
Cette note intervient peu après que Casino ait annoncé un vaste plan de désendettement de deux milliards d'euros, au travers notamment d'opérations immobilières et de cessions d'actifs non-stratégiques. Le distributeur, qui a déjà réduit sa dette de 1,7 milliard d'euros cette année en réorganisant ses activités en Amérique latine, espère réduire par deux son endettement de fin 2014 (7,6 milliards).
Ce plan de désendettement avait été salué par les marchés et plusieurs analystes mercredi. Le titre Casino avait clôturé en hausse de 6,47% mercredi soir.
"Volonté manifeste de nuire à Casino"
Par voie de communiqué, Casino a dénoncé "ce rapport à charge" de Muddy Waters et fustige la "volonté de nuire" de l'investisseur américain à Casino, ses salariés et ses actionnaires".
Le distributeur dénonce cette note "qui comporte des allégations grossièrement erronées auxquelles le groupe apportera des réponses circonstanciées".
"Devant cette diffusion d'informations trompeuses, Casino a saisi l'Autorité des marchés financiers et se réserve la possibilité de faire valoir ses droits devant les tribunaux, y compris devant les juridictions pénales", précise-t-il.
Chute des cours obligataires
Sur le secondaire, l’emprunt perpétuel Casino 4,87% a perdu près de dix points en regard de son cours de clôture de la veille, à 87% du nominal. Le rendement annuel jusqu’au call se monte désormais à 9,90%. Cette émission subordonnée est notée « BB » (spéculatif) chez Standard & Poor’s. La coupure est fixée à 100.000 euros.
L’obligation Rallye SA (4% - 2021) évolue également en nette baisse aux alentours des 82% du nominal, avec un rendement qui passe au-dessus des 8%.
Pour rappel, la société Casino Guichard-Perrachon est contrôlée par la société Rallye, elle-même détenue par Foncière Euris. Au 30 juin 2015, le groupe Rallye détenait 48,37% du capital de Casino Guichard- Perrachon et 60,47% des droits de vote.