Investing.com - Le marché boursier américain a démarré la semaine dans une atmosphère partagée ce lundi, alors que les investisseurs digèrent encore les chiffres de l’emploi publiés vendredi et anticipent de nouvelles données sur l’inflation attendues dans les prochains jours. Malgré un contexte global de baisse sur les actions, le S&P 500 et le NASDAQ Composite étant pénalisés par la remontée des rendements obligataires et les craintes liées à la politique monétaire, le Dow Jones Industrial Average a réussi à ouvrir en terrain positif.
Peu après l’ouverture, le Dow Jones progressait de 0,3 %, soit environ +127 points autour de 42 065,36 points, faisant preuve d’une relative résistance par rapport aux autres grands indices. Le S&P 500, plus large et représentatif de l’ensemble du marché, a cédé environ 0,60 %, tandis que le Nasdaq Composite, très exposé aux valeurs technologiques en plein repli, a reculé d’environ 1,10 %.
Pourquoi le Dow Jones résiste mieux
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Rotation sectorielle et valeurs défensives : L’humeur des investisseurs s’est détériorée après la publication de solides chiffres de l’emploi aux États-Unis vendredi dernier (256 000 créations de postes en décembre, contre 160 000 attendues). Ce rapport, plus robuste que prévu, laisse présager que la Fed maintiendra une politique monétaire restrictive plus longtemps qu’escompté. Dans ce contexte, certains secteurs défensifs ou moins sensibles à la hausse des taux d’intérêt, davantage représentés dans le Dow Jones, semblent mieux résister.
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Anticipation des publications d’entreprises : De grandes banques américaines (JPMorgan (NYSE:JPM), Wells Fargo (NYSE:WFC), Citigroup…) dévoileront leurs résultats mercredi, avant d’autres poids lourds financiers jeudi ( Morgan Stanley (NYSE:MS) et Bank of America (NYSE:BAC)). Historiquement, le secteur bancaire profite de la hausse des rendements. Les investisseurs parient que cette saison de résultats pourrait apporter un peu de stabilité, voire un certain soutien aux indices, même si la volatilité demeure élevée.
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Moins de pression sur les valeurs industrielles : Le Dow Jones, centré sur des entreprises industrielles et de consommation, est moins affecté par le repli massif des valeurs technologiques. En effet, la remontée des taux d’intérêt rend les multiples de valorisation des « Tech » plus vulnérables et pèse fortement sur le Nasdaq. À l’inverse, le Dow Jones subit moins cet effet de réévaluation.
Taux d’intérêt en toile de fond
La publication du rapport sur l’emploi a déclenché un nouveau pic des rendements obligataires. Le taux à 10 ans américain a atteint son plus haut niveau depuis novembre 2023, renforçant l’idée que la Fed ne procèdera pas à de nouvelles baisses de taux, voire pourrait envisager une posture encore plus restrictive si l’inflation ne se calme pas. Les traders anticipaient jusqu’à récemment une baisse des taux d’ici la fin de l’année 2025, mais les marchés de swaps et de futures montrent qu’ils revoient leurs prévisions. Les probabilités d’une baisse de taux en 2025 se réduisent, tandis que le scénario d’un maintien prolongé des taux à des niveaux élevés gagne du terrain.
Surveiller l’inflation et la saison des résultats
Le prochain rendez-vous majeur sera la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) de décembre, attendue mercredi. Le consensus table sur une hausse annuelle d’environ 2,9 %, contre 2,7 % en novembre, ce qui montrerait que la pression inflationniste reste vive. Dans la foulée, le Livre beige (Beige Book) de la Fed, également prévu mercredi, fournira un aperçu de la santé de l’économie américaine et des conditions de crédit dans les différentes régions du pays.
Les investisseurs espèrent qu’une dynamique économique solide se traduira malgré tout par une bonne saison de résultats, notamment dans la finance et l’industrie. Cependant, la possibilité de mesures protectionnistes (tarifs douaniers), l’incertitude autour des politiques migratoires et fiscales, et la hausse des coûts de l’énergie entretiennent un climat de prudence.
Perspectives
Pour l’instant, le Dow Jones se distingue en s’affichant en territoire vert, grâce à la performance de certains de ses piliers industriels et financiers. Le S&P 500 et le Nasdaq, quant à eux, restent sous la pression de la hausse des taux d’intérêt et de la perspective d’une politique monétaire plus restrictive plus longtemps que prévu. En outre, la volatilité s’est accrue, comme en témoigne la hausse de l’indice VIX, l’« indice de la peur » de Wall Street.
La suite de la semaine sera décisive pour confirmer ou infirmer la tendance actuelle : si l’inflation continue de surprendre à la hausse, les marchés pourraient subir une nouvelle vague de ventes. À l’inverse, un ralentissement des prix accompagné de résultats d’entreprises solides redonnerait de l’oxygène au Dow Jones et, plus globalement, à l’ensemble du marché.