Cet article a d'abord été publié sur Labourseauquotidien
Une légère appréhension de Wall Street à la veille du weekend (le précédent s’était mal terminé) a empêché les indices américains d’aligner un “carton plein” de records en clôture, mais les permabulls se sont tout de même consolés avec un feu d’artifices de records intraday.
De nouveaux zéniths ont été inscrits à 3 283 points sur le S&P500, 29 009 sur le Dow Jones et 9 235 sur le Nasdaq.
Le baromètre des “technos” s’effritait au final de -0,27% à 9 178 points mais il engrange +1,75% en “hebdo” et inscrivait vendredi sa 14ème semaine positive sur une série historique de 15 semaines (la précédente plus longue série – 14 semaines – sans la moindre consolidation remontait à 2017).
Plus globalement, les valeurs américaines poursuivent le rally amorcé il y a 54 semaines : la moitié des gains a été acquis au cours des 18 premières, puis les indices ont consolidé à plat au cours des 18 suivantes et la hausse est devenue “parabolique” au cours des 18 dernières. Comme dit précédemment, le Dow Jones a donc franchi les 29 000 points 7 semaines après avoir dépassé les 28 000 (le 15 novembre).
Symétriquement, le VIX s’est détendu en début de séance ce 10 janvier jusque vers 12,10, un plancher inscrit un peu plus de 2 heures après la publication du rapport NFP (sur les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis) : l’économie américaine n’a créé que 145 000 emplois en décembre, dont 139 000 dans le secteur privé (ADP (PA:ADP) en avait dénombré 202 000) tandis que le taux de chômage a stagné à 3,5%.
Enfin, les revenus horaires ne progressent que de +0,1%, ce qui écarte toute anticipation inflationniste : pour résumer, un rapport NFP plutôt médiocre mais dont les composants ne vont pas enrayer la dynamique favorable de Wall Street.
Tant que les inégalités continuent à se creuser, tout va bien !
Goldman Sachs (NYSE:GS) en est pleinement convaincu : son économiste en chef Jan Hatzius table en effet sur +1,6% de taux d’inflation et +2% de croissance au minimum.
Ce sont de telles conditions “macro” qui ont permis une hausse de +30% des indices américains l’an passé, et si la FED demeure aussi prodigue en liquidités, il n’y a pas de raisons pour que le cycle économique se retourne. La probabilité d’une récession en 2020 tombe de 33% il y a 3 mois à 20% en ce début d’année.
Une nouvelle détente de taux couplée à la fin imminente de la guerre commerciale américano-chinoise pourrait favoriser une accélération de la croissance américaine.
Comme le taux de chômage devrait atteindre son plus bas niveau depuis environ 70 ans, les dépenses de consommation devraient demeurer robustes.
Il faudra néanmoins guetter les résultats de la primaire démocrate: un candidat “très à gauche” susceptible de remporter l’élection présidentielle américaine de 2020 constituerait un risque de réduction du creusement abyssal des inégalités, donc un grand risque pour l’économie du pays… et donc pour Wall Street.
A contrario, tant que les riches deviennent plus riches, les pauvres toujours plus pauvres et le pays plus endetté, tout va bien ! Oui, bien plus endetté, et au profit du “marigot” de Washington, le Deep State, que Trump s’était promis de purger. Au final, il aura fini par le noyer sous un déluge de dollars, avec la complicité de son meilleur ennemi, Jerome Powell.