Pour plusieurs raisons, le marché des obligations d’entreprises à haut rendement libellé en dollar est en perte de vitesse. Les investisseurs semblent en effet prendre leurs distances avec ce segment de marché qui accuse une baisse supérieure à 3% depuis le 1er décembre.
Cette baisse de régime peut s’expliquer par la perspective d’une hausse des taux directeurs par la Banque centrale américaine cette semaine, qui pèse sur les cours obligataires, ou encore, par la reprise économique moins marquée que prévu qui impacte les actifs plus spéculatifs et risqués.
Icahn met en garde
En outre, les investisseurs ont certainement été refroidis par l'activiste Carl Icahn et sa mise en garde concernant le risque de liquidité des obligations à haut rendement. Dans une interview accordée à CNBC, le célèbre investisseur n'a d'ailleurs pas hésité à comparer ce marché à « un baril de dynamite qui va tôt ou tard exploser ».
Si l’activiste américain est coutumier des déclarations choc, force est de constater que ses vues sur le marché ont été confirmées la semaine passée suite à l'annonce par la société de gestion américaine Third Avenue, spécialisée dans les obligations « high yield », de suspendre les remboursements demandés par les détenteurs de son fonds « Focused credit fund ».
Ce fonds, dont l’encours sous gestion a fondu de 70% cette année, a été "submergé par la mauvaise performance des ses actifs de basse qualité et par l’augmentation des défauts de paiements chez les sociétés de la catégorie spéculative", explique Reuters.
Il faut savoir que les Etats-Unis ont connu dernièrement une série de faillite, notamment dans le secteur du forage pétrolier, qui ont entraîné des retraits de capitaux massifs de la part des investisseurs, mettant en difficultés les fonds spéculatifs spécialisés.
Confronté à des demandes de remboursements croissantes, le fonds a dû à céder des actifs pour disposer du cash nécessaire. Or, le marché de la dette d'entreprise à haut rendement est relativement peu liquide, ce qui signifie qu’il est difficile de vendre rapidement un grand nombre de titres.
N'arrivant plus à vendre assez d'actifs pour rembourser ses investisseurs, Third Avenue a préféré geler les avoirs de ses clients, en attendant des jours meilleurs, relève Les Echos.
Cette initiative spectaculaire est la première dans l'univers américains des fonds depuis la crise financière mondiale de 2008. Selon certains observateurs, Third Avenue pourrait être le premier d'une série d'incidents de ce type sur le marché américain des obligations d'entreprises à haut rendement (source boursier.com).
ArcelorMittal, AngloGold, Sprint…
Pour rappel, le marché obligataire « high yield » libellé en dollar regroupe les entreprises du monde entier ayant émis de la dette en dollar.
Parmi ces entreprises, beaucoup sont actives dans le secteur minier et subissent de plein fouet la chute des matières premières. ArcelorMittal, leader de la sidérurgie noté « BB » par Standard & Poor’s, en fait partie. Les cours de ses différentes obligations ont d’ailleurs décroché assez nettement ces derniers mois, la tranche 5,125% - 2020 se traitant par exemple à 83,50% du nominal, avec un rendement annuel proche des 10%.
Notée un cran au-dessus avec un rating « BB+ », la compagnie sud-africaine spécialisée dans l’extraction d’or AngloGold est elle aussi confrontée au contexte actuel difficile. Son obligation 5,375% - 2020 a décroché à 91,50% du nominal, affichant un rendement annuel proche des 8%.
Fragilisé par les problèmes de corruption au Brésil, Petrobras a vu sa note être rétrogradée dans la catégorie spéculative en septembre dernier. Les cours obligataires s’en sont ressentis. La tranche 4,875% - 2020 se traite largement sous le pair à 76%, portant le rendement annuel à plus de 12%.
Dans un tout autre secteur, celui des télécoms, on observe une nette baisse des obligations émise par Sprint, quatrième opérateur américain (« B+ »). En cause notamment, des résultats trimestriels décevants et l'abaissement des notations par Moody’s. Pour ne citer qu'un exemple, l’obligation 7% - 2020 peut être achetée ce mardi à 81%, correspondant à un rendement de 12%.
A noter que le segment des obligations « high yield » en euro est également ortienté à la baisse, mais dans des proportions moins importantes que le « high yield » en dollar.