Alors que la pandémie de coronavirus continue de faire rage, avec des nouveaux records de nouveaux cas quotidiens réguliers aux Etats-Unis, les investisseurs attendent beaucoup de la recherche d’un vaccin contre le covid-19.
Cela s’illustre par l’impact considérable de toute nouvelle à ce sujet, non seulement sur les actions pharmaceutiques directement concernées, mais aussi sur le marché en général. En effet, on a souvent constaté ces dernières semaines que les avancées positives dans les recherches dopaient l’optimisme général des investisseurs, tandis que les mauvaises nouvelles ont généralement pesé sur les échanges.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 19 candidats vaccins contre le coronavirus sont actuellement en cours d'essais cliniques. Cent trente autres candidats font actuellement l'objet d'essais précliniques.
Et il semble en effet que dans l’esprit des investisseurs, la mise au point d’un vaccin contre le covid-19 signera la fin de la pandémie et de ses conséquences sur l’économie.
Cependant, les investisseurs pourraient surestimer les bénéfices d’un vaccin, que ce soit sur la gestion de la pandémie elle-même, ou de son impact sur l’économie.
Retrouvez dans cet article 3 raisons de ne pas se montrer trop optimiste en ce qui concerne un vaccin contre le covid-19 :
1. Il est possible que les recherches échouent, ou durent plus longtemps que prévu
Nombreux sont ceux qui pensent que l'approbation réglementaire d'un vaccin est pour bientôt. Le président Donald Trump a lui-même publiquement suggéré qu'une "solution vaccinale" pour le COVID-19 sera disponible "bien avant la fin de l'année".
Cependant, la liste des vaccins COVID-19 de l'OMS ne comprend qu'un seul candidat en phase 3 des essais, AstraZeneca (LON:AZN), et un en phase 2, Moderna, qui a d’ailleurs récemment annoncé que son étude de phase finale sur l'ARNm-1273 du vaccin candidat COVID-19 serait retardée. AstraZeneca (NYSE:AZN) et son partenaire, l'Université d'Oxford, recrutent par contre déjà des participants pour une étude de phase 3 pour leur candidat vaccin COVID-19.
Or, bien qu’ils aient dépassé la phase 1 des essais, le succès n’est pas garanti. En effet, selon une analyse historique menée par le groupe commercial biopharmaceutique BIO, seuls 24 % des vaccins en phase 2 des essais cliniques obtiennent finalement l'approbation de la FDA. Ce pourcentage passe à 74% pour les vaccins en phase 3.
En d’autres termes, il y a une chance sur 4 que le vaccin d’AstraZeneca échoue, et 3 chances sur 4 que celui de Moderna ne débouche pas non plus sur une formule viable.
2. L’efficacité des vaccins contre le covid-19 pourrait être limitée
Même si un ou plusieurs vaccins contre le COVID-19 obtiennent l'approbation de la FDA, la question de leur efficacité restera en suspens.
La semaine dernière, la FDA a publié des directives pour son processus d'examen et d'approbation des candidats vaccins COVID-19. Pour être considéré comme efficace, un vaccin doit seulement "prévenir la maladie ou diminuer sa gravité chez au moins 50% des personnes vaccinées".
Cela laisse donc beaucoup de marge pour que des personnes vaccinées contractent tout de même la maladie, ce qui amoindrirait considérablement l’impact d’un vaccin sur le retour à la normale de l’activité économique.
De plus, certaines études préliminaires sur l’immunité au covid-19 suggèrent que le futur vaccin n’offrira pas une protection « à vie », mais ne sera efficace que sur le court terme, nécessitant des rappels réguliers.
3. De nombreuses personnes refuseront de se faire vacciner contre le COVID-19
Une enquête menée par l'Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research en mai a révélé que seuls 49 % des Américains ont déclaré qu'ils prévoyaient de se faire vacciner si un vaccin contre le nouveau coronavirus devenait disponible. Ce chiffre n'est pas trop surprenant, si l'on considère qu'il correspond à peu près au pourcentage d'adultes américains qui se font vacciner contre la grippe.
Le sentiment est moins partagé en Europe, mais une proportion significative de la population reste méfiante vis-à-vis des vaccins, et devraient redoubler de méfiance face à un vaccin covid-19 développé dans l’urgence absolue.
Cependant, si la proportion de personnes vaccinées n’atteint pas un certain seuil critique, même un vaccin efficace ne permettra pas d’éradiquer la maladie.