La Roumanie, vedette de la croissance en Europe, a sollicité le marché obligataire libellé en euro au début du mois d’octobre, levant un montant total de 1,765 milliard d’euros.
Il s’agit d’emprunts de long terme puisque que la première souche obligataire affiche une maturité égale au 11 mars 2029 et un coupon de 2,875%. En légère hausse sur le marché secondaire, l’obligation reste disponible à l’achat sous le pair à 99,1% du nominal, correspondant à un rendement de 2,98%. La taille totale émise est de 1,15 milliard d’euros.
La deuxième souche arrivera à échéance en 2039, ce qui explique le coupon plus élevé de 4,125%. L’emprunt est lui aussi disponible sous le pair à 98,49% du nominal, de quoi tabler sur un rendement de 4,24%. La Roumanie a collecté 600 millions d’euros sur cette ligne.
Les deux souches sont libellées par coupures de 1.000 et bénéficient d’un rating BBB- (Investment grade) chez Standard & Poor’s.
Ce n’est pas la première fois que la Roumanie emprunte cette année sur le marché international des capitaux, avec un point commun à l’ensemble de ces opérations : financer son déficit.
Une croissance basée sur la dette
Malgré un taux de croissance de 7% de son PIB l’année dernière, la Roumanie fait l’objet de plusieurs mises en garde de la part des institutions économiques internationales. L’économie roumaine a progressé en s’endettant, sans par exemple qu’aucun kilomètre d’autoroute ne soit construit, a résumé Cristian Paun, professeur de finances internationales à Bucarest à l’AFP.
En effet, si la baisse des taxes (comme la TVA) et les majorations salariales ont soutenu les salaires et par ricochet la demande intérieure, responsable de 70% du PIB, les investissements dans les infrastructures notamment n’ont pas suivi, a déploré la Commission européenne qui rappelle les besoins énormes du pays en termes d’équipements de santé, d’éducation, de transport, de télécoms et d’informatique…
Malgré des mesures fiscales coûteuses qui plombent le budget, les autorités roumaines semblent déterminées à maintenir le déficit en deçà des 3% du PIB, pour éviter les foudres de Bruxelles. Et ce n’est pas le seul défi auquel elles doivent faire face. En effet, malgré une industrie diversifiée et compétitive en raison d’une main-d’œuvre bon marché, le départ de sa main-d’œuvre la plus qualifiée, un secteur agricole peu rentable et une part importante d’économie informelle limitent le potentiel de croissance du pays, Sans compter les risques liés à la demande extérieure et au ralentissement économique mondial. Début octobre, le FMI a abaissé ses prévisions de croissance pour la Roumanie, à +4% pour cette année contre +5,1% dans un précédent rapport. « La croissance devrait ralentir ces deux prochaines années en raison de la modération des stimulus », a expliqué le FMI. Les autorités prévoient +5,5%.