Alors que la monnaie unique fête son vingtième anniversaire cette année, l’épargnant doit encore et toujours composer avec de faibles rendements sur la partie obligataire de bonne qualité en euro. Pour obtenir une rémunération décente, il devra donc songer à des stratégies alternatives et faire preuve de courage pour être récompensé.
Une des pistes qu'OBLIS évoque régulièrement pour obtenir un rendement attrayant sur le marché obligataire consiste à diversifier son portefeuille, de manière mesurée bien sûr, dans des emprunts libellés en devises émergentes.
On rappellera que cette classe d’actifs sort d’une année teintée de rouge vif, à un point tel que pratiquement aucune monnaie de la sphère émergente n’a été en mesure de clôturer 2018 en territoire positif face au couple euro/dollar.
Parmi les moins mauvais élèves, le peso mexicain a profité du résultat des élections présidentielles durant l’été pour boucler l’année à l’équilibre face au dollar, tandis que le bath thaïlandais réalisait une performance similaire.
Concernant les plus fortes baisses, le peso argentin dont la valorisation a fondu de moitié, la livre turque qui a lâché près de 30% ou encore le rand sud-africain en chute de 12%.
La déconvenue de la sphère émergente (-8% selon l’indice MSCI) s’explique en grande partie par la remontée des taux directeurs aux Etats-Unis, qui a rendu les placements en dollar plus attractifs.
La faiblesse de la croissance chinoise, la chute des produits pétroliers ainsi que les tensions commerciales sino-américaines ont été autant de facteurs qui ont pénalisé les monnaies émergentes.
Le pire est-il derrière nous?
Au sortir de plusieurs années de dépréciation face aux devises fortes, on peut raisonnablement penser que le pire est passé pour ces devises qui retrouvent des niveaux de valorisation intéressants.
On mettra à ce crédit le changement de ton de la FED américaine qui a laissé entendre par la voix de son homme fort, Jérôme Powell, que ses tours de vis monétaires pourraient s’atténuer.
De manière générale, une croissance plus modeste que prévu à l’échelle du globe, comme annoncé cette semaine par le FMI, pourrait mener les banques centrales des grands pays à limiter leurs remontées de taux.
La politique de soutien des autorités monétaires chinoises pour soutenir une économie qui connaît actuellement sa plus faible croissance en près de trois décennies constitue également un facteur susceptible de contribuer à la bonne tenue des monnaies émergentes, au même titre que l’annonce d’un accord commercial attendu avant le nouvel an chinois (février) entre Pékin et Washington.
Quelles devises privilégier ?
L’un des réflexes habituels de l’investisseur sera probablement de sélectionner les devises émergentes qui ont le plus corrigé en 2018 afin de rentrer à bon compte en ce début d’année.
Plus tôt que de se risquer à cette stratégie, opter pour des devises bénéficiant d’une dynamique positive nous paraît davantage opportun.
Le réal brésilien bénéficie à cet égard d’un regain d’intérêt certain depuis l’élection de Jair Bolsonaro en octobre dernier, les investisseurs espérant que le nouveau président mettra en œuvre les réformes ultra-libérales promises lors de sa campagne pour relancer la première économie d'Amérique latine.
Et tandis que la bourse de Bourse de Sao Paulo a touché dernièrement son plus haut historique, le réal a repris près de 14% face à l’euro depuis son plus bas historique. On notera que si cette embellie s’inscrit dans un mouvement plus vaste de retour des investisseurs sur les marchés émergents, le réal se traite toujours 10% en-dessous de ses niveaux à douze mois.
Parmi les possibilités d’investissement en réal, Oblis a épinglé l’obligation notée « AAA » émise par la Banque Mondiale, qui permet de tabler sur un rendement annuel proche des 7% à échéance 2021.
Le peso mexicain, qui permet d'espérer un rendement de 8,60% pendant cinq ans via l’obligation de la banque publique allemande KfW, s’inscrit lui haussier dans un trend haussier depuis l’arrivée au pouvoir du président López Obrador cet été, la prime liée au risque politique ayant été réduite.
Du côté des devises asiatiques, la roupie indonésienne est régulièrement citée. Les comptes courants du plus grand pays d’Asie du Sud-Est devraient encore s’améliorer, en marge notamment de la décision des autorités de réduire les investissements en capitaux dans le secteur public.
Sur le marché secondaire, il est possible d’obtenir un rendement annuel de 7,78% en roupie indonésienne via l’emprunt remboursable en avril 2022 par la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement B.E.R.D, notée aussi « AAA ».
Enfin, l’investisseur pourrait également jeter un coup d’œil du côté des monnaies d'Europe de l’Est, zloty polonais en tête. Une devise qui semble en effet appréciée par les observateurs, sur fonds d’attentes d’une croissance toujours robuste du PIB, sous l’effet de l’activité domestique. Cette piste fera l'objet d'un article à venir.