Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Donald Trump annonce vouloir profiter de la chute des cours du pétrole pour compléter les stocks stratégiques en achetant 75 millions de barils.
Mais comme d’habitude avec Trump, il faut se méfier des effets d’annonce !
Tout d’abord, 75 millions de barils, c’est au grand maximum 8 jours de production aux Etats-Unis (environ 12 millions de barils jours, probablement moins de 11 millions désormais)… donc le 1er mai, il faudrait trouver autre chose.
Mais surtout, les stocks stratégiques ne peuvent être constitués de “shale oil” (un produit “brut” beaucoup trop léger) mais bien de pétrole importé du Moyen Orient ou du golfe du Mexique… et marginalement, extrait au Texas, si sa viscosité est compatible avec celle du pétrole de provenance off-shore.
Autrement dit, l’effondrement des cours et cette marque surréaliste de -40,3$/baril inscrite lundi soir est lié à la surabondance de “shale oil” – et à la pénurie de capacités de stockage du pétrole produit en Oklahoma ou au North Dakota… que le gouvernement américain ne va pas acheter !
Et pour ne rien arranger, des “petits malins” -sentant venir cette contraction avaient loué les quelques capacités de stockage encore “libres” en Oklahoma afin de renforcer la pénurie et pouvoir faire la culbute sur la location des cuves dont les spéculateurs mal avisés -contraints de prendre livraison du pétrole “physique”- ont désespérément besoin
Le baril de WTI “mai” s’échange entre -9 et +1$ depuis ce matin, le contrat juin dévisse de -23,5% à 15,7$, le contrat juillet de -12% à 23,2$… ce sont des cours planchers plus revus depuis près de 35 ans (1986).
Les spéculateurs mal avisés ne sont pas les seuls à s’être fait désintégrer: la place de cotation CME (Chicago Mercantile Exchange) pourrait devoir se substituer aux clients n’ayant pu faire face aux appels de marge colossaux (jusqu’à -55$ par baril) car personne n’a modélisé un tel scénario ni conçu des stratégies de couverture impliquant de tels niveaux de pertes.