Les opérateurs ont encore craint le pire ce matin alors que la cotation de Monte dei Paschi (BMPS) avait été retardée de quelques minutes (les autres banques italiennes chutant de -5% en moyenne, y compris Unicredit (MI:CRDI), pourtant en négociation avec Amundi (PA:AMUN) pour la cession de sa filiale Pioneer (Asset Management) pour 3,5 Mds€.
Le titre BMPS a perdu jusqu’à 10%, mais ne cédait plus que -3% à la mi-journée… un score qui apparait bénin, vu le contexte ultra-incertain résultant de la démission de Matteo Renzi.
Mais comment dans un contexte politique illisible et où plus personne n’est en mesure de garantir quoi que ce soit, la « Monte dei Paschi » pourrait se trouver un nouvel actionnaire stable (des fonds proche-orientaux avaient été évoqués comme chaque fois qu’une banque européenne est en faillite) et procéder à une succession d’augmentation de capital (parce que les 5MdsE évoqués avant le référendum, ce n’est qu’un hors d’œuvre).
Matteo Renzi s’était refusé à lancer un appel à l’aide à Bruxelles ou auprès de la BCE : maintenant, il n’y a plus guère de choix.
Soit la mise à contribution des créanciers -politiquement suicidaire pour Monsieur Renzi (les déposants seront spoliés)-, soit la nationalisation des banques en difficulté (les épargnants et actionnaires seront également spoliés).
ET BMPS n’est pas la seule: 2 banques vénitiennes ont été discrètement renflouées le printemps dernier par le fonds Atlas (de secours aux établissements à court de fonds propres) à hauteur de 2,5 Mds€.
Il n’y a plus qu’à remettre le couvert d’ici la fin de l’année: elles ont besoin en toute hâte de 2,5 Mds€ supplémentaires.
Le problèmes, c’est que le « fonds Atlas » n’était doté que de 4,25Mds€ et qu’il sera totalement vidé de sa substance avant le 31 décembre !
Et 4,25 Mds€, ce n’est qu’une goutte d’eau en regard des besoins en fonds propres de Banca Intesa (une augmentation de capital de 13Mds€ est dans les tuyaux), Banca Popolare Milano ou de Banco Popolare (-5 à -6% au moment où nous les mentionnons) pour apurer leurs bilans de dizaines de milliards de créances douteuses.
Alors revoir le CAC 40 au-delà des 4600, l’Euro Stoxx 50 au-delà des 3070, cela fait peut être plaisir aux « permabulls » mais cela nous rappelle un peu la blague du gars qui saute sans parachute de sa montgolfière en flamme (pour ne pas périr carbonisé) et qui se réjouit de découvrir une grosse meule de foin providentielle 100m en dessous de lui.
Mais pas de chance, une fourche est plantée dedans, les dents pointées vers le ciel.
Heureusement, en analysant sa trajectoire actuelle, le gars se rend compte avec soulagement qu’il va tomber à 5 mètres de la meule…