L’action EDF (PA:EDF) a été secouée hier à la bourse de Paris. Sur le marché secondaire, les rendements des obligations à long terme de l’énergéticien français dépassent désormais les 6%.
Cette correction des titres du géant français de l'électricité intervient après la démission de son directeur financier Thomas Piquemal, suite à un désaccord sur la faisabilité de la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point (Royaume-Uni).
Ces désaccords ne portaient pas tant sur le principe de la participation d’EDF à la relance du nucléaire au Royaume-Uni, mais davantage sur le financement de ce projet colossal, estimé à 23,2 milliards d'euros, dont deux tiers doivent être financés par EDF.
Un financement qui doit se faire dans un contexte où la forte baisse des prix de l’électricité sur le marché européen fragilise le groupe. En 2015, son résultat net a baissé de 67,9% à 1,2 milliard d’euros, principalement en raison des dépréciations d’actifs liées à la chute des prix de l’énergie.
Selon les analystes, la démission du CFO montre à quel point l’entreprise est dans une position fragile. Thomas Piquemal quitterait en effet son poste car il considère qu’EDF n’a pas les reins suffisamment solides pour mener à bien ce projet gigantesque. Il y a quelques semaines, le quotidien Les Echos évoquait pour sa part l’éventualité d’une augmentation de capital de cinq milliards d’euros.
Soutien de l’État français
De l’aveu de Jean-Bernard Lévy, PDG d’Electricité de France, ces turbulences sont de nature à remettre en cause l'investissement dans le projet de Hinkley Point. ‘Avec le soutien de l'État, nous étudions l'investissement dans les deux réacteurs britanniques dans les meilleures conditions financières, avec l'objectif de prononcer notre décision finale dans un avenir proche’.
Commentant la démission de Thomas Piquemal, le Ministre de l'Economie Emmanuel Macron a indiqué que l'État renouvelait son plein soutien au projet d'Hinkley Point, 'qui sera très rentable sur les 30 années à venir’, selon le Ministre. EDF est détenu pour rappel à hauteur de 84,50% par l'État français.
Des rendements supérieurs à 6%
Sur le marché obligataire, les investisseurs ont revu à la hausse leur exigence de rendement pour détenir les obligations Electricité de France.
A titre d'exemple, l'obligation 6% - 2114 affiche désormais un rendement annuel de 6,10%, sur base d'un cours de 99,80%. Cette obligation de type 'senior non-sécurisé' bénéficie actuellement d'un rating A+ par Standard & Poor’s. La coupure est fixée à 2.000 dollars, ce qui implique donc un risque de change.
En euro, il est également possible de tabler sur un rendement de 6%, mais il faudra pour cela se diriger vers les obligations perpétuelles du groupe, plus risquées car subordonnnées. Pour ne citer qu'elle, la perpétuelle 5,375% offre un rendement annuel de 6,60% jusqu'au call en 2020. L'investissement minimum est fixé à 100.000 euros en nominal, avec un rating BBB chez Standard & Poor’s.