Jour J (par Peter Rosenstreich)
Nous y voici enfin ! Les bureaux de vote ont ouvert au terme de ce qui fut officieusement la plus longue campagne présidentielle américaine. Les marchés tablent sur l'accession de Hillary Clinton à la Maison Blanche, comme en témoigne le regain généralisé d'appétit pour le risque. L'outil d'analyse prédictive en ligne de Swissquote place à présent la candidate démocrate à 46.7% contre 44.5% pour son adversaire républicain. L'écart s'est légèrement creusé par rapport à lundi. Les prévisions du site FiveThirtyEight de Nate Silver estiment les chances de réussite de Mme Clinton à 71%.
Hillary détenant 266 votes du collège électoral, il lui faut seulement faire basculer 4 Etats en sa faveur pour devenir la première femme élue à la présidence des Etats-Unis. Bien que sa victoire soit largement intégrée, nous nous attendons à un rebond des marchés. Nous devrions assister à une nouvelle progression des places financières et des devises émergentes (plus précisément des MXN, KRW et CNY), ainsi qu'à des ventes de l'or, du JPY et du CHF. Méfions-nous cependant et évitons de nous laisser bercer par un scénario "normal". Nous doutons que l'événement sera linéaire, avec comptage des votes, discours de défaite et organisation de l'investiture présidentielle. Si par le passé, le résultat était parfois connu dès 4h00 CET, il faut désormais attendre plusieurs jours. Une annonce anticipée ne peut intervenir que si la plupart des Etats clés de la côte est (notamment la Floride, la Pennsylvanie et l'Ohio) se prononcent pour Mme Clinton à une large majorité. Dans ce cas, les médias donneront le résultat et le perdant devra définir un plan B (il semble que Trump et ses avocats soient déjà en ordre de bataille). Même si Hillary s'impose dans tous les "swing states", il est peu probable que Trump jette l'éponge, d'où la perspective d'une volatilité accrue dans les jours à venir. Nous continuons à voir une demande sur les options de couverture de risque extrême, signe que les traders envisagent des scénarios fortement hors de la monnaie.
Le dilemme de la BNS
Comme de nombreux responsables internationaux, la Banque nationale suisse a poussé un soupir de soulagement au vu de la moindre probabilité d'une victoire de Trump. Andrea Maechler, membre du directoire de l'institution monétaire, a assuré que la banque centrale était prête à intervenir sur les marchés des changes pour affaiblir le CHF. Ce dernier est devenu de plus en plus corrélé aux sondages sur Trump, indiquant qu'une victoire du républicain déclencherait certainement une demande accrue d'actifs refuges. L'effondrement de Hillary Clinton dans les enquêtes d'opinion de la semaine dernière s'est accompagné d'une chute de l'USD/CHF à son plus bas niveau depuis juin. Les réserves de devises helvétiques laissent penser que la BNS a agi de façon intermittente pour freiner l'appréciation du franc, bien que ses interventions semblent avoir diminué récemment. Les chiffres des prix à la consommation publiés cette semaine montrent que les pressions inflationnistes restent faibles, avec un recul de -0.2% a/a en octobre (après un mois de septembre tout aussi décevant). La vigueur du CHF continue d'importer de la déflation, réduisant à néant les efforts déployés par la banque centrale pour atteindre son objectif. Cependant, le mix monétaire tels que les taux négatifs et les interventions de change n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. Les effets négatifs à long terme sur les épargnants, les banques et les compagnies d'assurance pesant sur les décisions, il est difficile de savoir combien de temps la BNS pourra conserver sa politique monétaire actuelle. Nous restons constructifs sur le CHF à moyen et long terme (ventes sur le court terme en cas de victoire de Hillary Clinton).
Chine : chute des exportations malgré un yuan faible (par Yann Quelenn)
L'économie chinoise traverse une période difficile. D'après les statistiques parues cette nuit, les exportations ont plongé de -7.3% a/a, accusant leur septième mois consécutif de baisse. La demande mondiale a ralenti et il est clair que la Chine est engagée dans une réorientation visant à privilégier la croissance intérieure.
L'affaiblissement du yuan n'a pas suffi à stimuler les exportations. La devise chinoise a pourtant perdu 1.5% en octobre face au dollar et 9% depuis l'an dernier. Les importations ont chuté de 1.4% dans un contexte de recul de la demande, mais de besoin accru de matières premières. Par conséquent, l'excédent commercial a baissé à 49.1 milliards de dollars en octobre, ce qui reste largement positif. Cette tendance nous paraît appelée à se poursuivre. Nous suivons de près le Baltic Dry Index, qui représente le coût du fret. Cet indice reste très bas (870) par rapport aux niveaux atteints de 2000 à 2010 (entre 2500 et 10000). Son léger redressement ne suffit pas à justifier l'espoir d'une reprise mondiale.
De plus, l'augmentation plus rapide que prévu des prix à la consommation et à la production tend à contrebalancer la baisse de la devise. Nous pensons que la Chine exportera de l'inflation tôt ou tard. C'est pourquoi nous maintenons notre vue haussière sur les matières premières, malgré le probable relèvement des taux de la Fed en décembre, qui devrait être le seul pour au moins un an.
Gold - Back Within Former Uptrend Channel.
EURUSD La paire EUR/USD est en baisse. Une résistance horaire se situe à 1,1145 (plus haut du 06/11/2016), alors qu'une résistance majeure se trouve loin à 1,1352 (plus haut du 18/08/2016). La structure technique à court terme suggère une poursuite de la tendance haussière. À plus long terme, la croix de la mort indique un autre biais baissier malgré le fait que la paire progresse depuis décembre dernier. Une résistance clé demeure à 1,1714 (plus haut du 24/08/2015). Un support plus solide se situe à 1,0458 (plus bas du 16/03/2015).
GBPUSD La paire GBP/USD observe une pause au-dessus de la barre des 1,2400. Une résistance horaire se situe à 1,2557 (plus haut du 04/11/2016), alors qu'un support horaire se trouve à 1,2083 (plus bas du 25/10/2016). Pourtant, des résistances solides se trouvent loin à 1,2620, puis à 1,2873 (03/10/2016). La paire devrait côtoyer la barre des 1,2400 avant d'entrer dans une autre phase baissière. La configuration technique à long terme est même plus négative, le vote sur le Brexit ayant ouvert la voie à une accentuation de la chute. Le support à long terme situé à 1,0520 (01/03/85) représente un objectif convenable. La résistance à long terme est située à 1,5018 (24/06/2015) et pourrait indiquer un retournement à long terme de la tendance négative. Cependant, un tel scénario est très peu probable pour l'instant.
USDJPY La paire USD/JPY a mis fin à son renversement de tendance initié après qu'elle a atteint le support horaire des 102,55 (plus bas du 03/11/2016). Des résistances horaires se trouvent à 104,62 (plus haut du 07/11/2016) et à 105,53 (plus haut du 28/10/2016). Un support clé peut se situer à 100,09 (27/09/2016). La paire devrait poursuivre sa chute. Nous privilégions un biais baissier à long terme. Un support se situe actuellement à 96,57 (plus bas du 10/08/2013) . Une hausse progressive vers la résistance majeure des 135,15 (plus haut du 01/02/2002) semble absolument peu probable. La paire devrait poursuivre sa chute vers le support des 93,79 (plus bas du 13/06/2013).
USDCHF La paire USD/CHF a gagné un chiffre pendant le week-end. Un support solide se trouve à 0,9632 (plus bas de la base du 26/08/2016), alors qu'une zone de résistance se situe à 0,9790 (plus haut du 07/11/2016) et autour de la parité. C'est le moment de renouer avec des positions baissières. À long terme, la paire évolue toujours au sein d'une fourchette depuis 2011, en dépit de quelques turbulences enregistrées lorsque la BNS avait mis fin au cours plafond du CHF. Un support clé peut se situer à 0,8986 (plus bas du 30/01/2015). La structure technique favorise toutefois un biais haussier à long terme depuis la suppression du taux plancher en janvier 2015.