Président de 2003 à 2010 et fondateur du parti de gauche au pouvoir, Lula da Silva a été entendu par la justice brésilienne dans le cadre de l’enquête « lavage rapide », visant le scandale Petrobras.
Selon le procureur, l'ex-chef de l'Etat aurait bénéficié de faveurs de la part de grandes entreprises du bâtiment, qui sont mises en cause dans ce qui constitue le plus grand scandale de l'histoire du pays.
Révélée il y a deux ans, « L’affaire Petrobras » implique pour rappel de nombreuses entreprises de BTP, regroupées au sein d’un cartel illicite, qui se sont réparties entre 2004 et 2014 les marchés du groupe pétrolier public. En échange de contrats, elles payaient des pots-de-vin à des directeurs de Petrobras, dont une partie était reversée à des personnalités politiques, en majorité des parlementaires, députés ou sénateurs, de la coalition de centre-gauche au pouvoir.
Selon le procureur, des éléments significatifs permettraient de soupçonner la participation de l’ancien président et de ses proches dans l’affaire Petrobras. Les cinq plus grandes entreprises mouillées dans le scandale, dont le géant industriel Odebrecht, auraient financé des conférences du fondateur du Parti des travailleurs. Elles seraient également à l’origine de 60% des donations faites à l’Institut Lula. Ces paiements représenteraient selon la justice l'équivalent de 7,5 millions d’euros.
Le parquet soulève également l'existence de preuves selon lesquelles l'ancien président a reçu de l'argent du réseau Petrobras, via la restauration d'un appartement triplex et d'une maison de campagne.
‘Ce que veulent les marchés est clair’
Les marchés ont vu en cette audition un espoir de changement politique pour le Brésil, qui est confronté à sa plus grave récession depuis 25 ans. Une implication de l’ex-président dans le scandale Petrobras pourrait porter un coup son éventuelle candidature pour la prochaine élection présidentielle.
De nouvelles manifestations sont également prévues dans tout le pays le 13 mars par les opposants à Dilma Rousseff, successeur et protégée de Lula.
‘Ce que veut le marché est clair’ a commenté à l’agence Bloomberg Alvaro Bandeira, de la Banco Modal. ‘Ils veulent un meilleur gouvernement, crédible et stable, en mesure de redresser la situation économique du pays’.
Après l'annonce de l'interpellation de Lula, le réal prenait jusqu’à 4% face à l’euro, flirtant avec le seuil symbolique de quatre réals pour un euro. Face au dollar, la devise a retrouvé brièvement un plus haut depuis le mois d’août à 3,67 réais.
Légère détente des rendements obligataires
Sur le marché secondaire, les obligations des émetteurs corporate brésiliens ont également profité de l’annonce. L’obligation Petrobras 4,75% - 2025 a progressé de trois points à 69% du nominal, avec un rendement annuel ramené à 10,20% en euro (coupure de 100.000, rating BB+).
Les emprunts du cimentier Votorantim ont également pris plusieurs points. C’est le cas de l'emprunt 7,25% - 2041 qui se traite désormais à un cours de 74% du nominal, pour un rendement ramené à 10,10% en dollar (coupure de 200.000, rating BB+).
Sur le segment des perpétuelles subordonnées, l’emprunt 7,375% émis par la firme pétrochimique Braskem se traite désormais à 84% du nominal, avec un rendement jusqu'au call de 8,77% en dollar (coupure de 100.000, rating BBB-).