En baisse de 10% cette année face à l'euro, le peso mexicain se traite à un niveau historiquement bas. Cette dépréciation pourrait toutefois toucher à sa fin, de quoi envisager, pourquoi pas, une diversification de son épargne dans la devise mexicaine.
Premièrement, il faut savoir que la spéculation est à l'origine de cette dépréciation plus encore que les finances ou l'activité économique du pays. Selon l’agence Bloomberg, le Mexique possède la devise la plus liquide parmi les économies émergentes et les traders ont l’habitude d’investir dans le peso dans une optique de couverture de risques sur d’autres marchés.
Les conséquences sont donc qu’il est le premier touché lorsqu’un vent de pessimisme souffle sur les marchés. Ainsi, le peso a connu un plus bas historique face au dollar au lendemain du Brexit. Le taux de change était alors brièvement passé au-dessus de 19 pesos pour un dollar.
Toutefois, le cycle de baisse du peso entamé fin 2014 serait, selon certains analystes, sur le point de toucher à sa fin.
La volonté de lutter contre la dépréciation
Plusieurs facteurs pèsent en faveur de ce scénario. Premièrement, les perspectives économiques du pays s’améliorent, la prévision de croissance du PIB est désormais de 2,4% en 2016 et de 3% en 2017. Le Mexique profite ici de l'embellie sur les marchés des matières premières et en particulier de la stabilisation du pétrole.
Par ailleurs, le Mexique résiste mieux à la conjoncture actuelle que la plupart des marchés émergents comparables. Il est influencé positivement par la diversification de son économie et le cycle de croissance que traversent en ce moment les USA, son partenaire privilégié et voisin,. Il faut aussi garder à l’esprit que ces derniers mois, la dépréciation a eu un effet positif sur la compétitivité des entreprises mexicaines au niveau international.
Enfin, le dernier facteur qui laisse présager une appréciation du peso réside dans la volonté affichée par les autorités mexicaines de lutter contre la chute du cours de sa monnaie. Il y a quelques jours, pour soutenir le peso, la Banque centrale mexicaine a par exemple augmenté son principal taux directeur de 50 points de base à 4,25%, une hausse plus importante que ce que les analystes anticipaient. En février, l’institution avait déjà augmenté son taux directeur d'un demi-point à 3,75%.
Il faut toutefois garder à l'esprit qu'il n'est pas exclu que le peso continue sa chute, si la croissance mondiale venait à décevoir. Une victoire de Donald Trump en novembre, lui qui anime un sentiment anti-mexicain et veut la fin de la relation économique privilégiée entre les deux pays, pourrait également être un coup dur pour le Mexique et pour sa devise.
Le peso sur le marché obligataire
Le cours du peso va-t-il suivre l'exemple du réal brésilien, qui s’est apprécié de plus de 20% ces trois derniers mois après une longue chute? Plusieurs opportunités s’offrent en tout cas à l’investisseur qui souhaite exposer son portefeuille à la monnaie mexicaine.
Il peut acheter des pesos, tout simplement, mais il peut également le faire sur le marché obligataire en achetant une obligation émise en peso par un émetteur supranational noté AAA. Par ailleurs, les rendements proposés, plus de 4%, sont nettement plus élevés qu’en euros. C’est le cas, entre autres, de l’obligation European Investment Bank (4% - 2020).