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Euro Stoxx 50 : des signes de nervosité commencent à poindre !

Publié le 06/05/2021 13:33
Mis à jour le 09/07/2023 12:32
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

En ce mois de mai traditionnellement peu porteur pour les actifs à risque, certains indices européens, au premier rang desquels l’Euro Stoxx 50, montrent une certaine fébrilité. Sommes-nous aux prémices d’un changement de psychologie ? Éléments de réponse avec Philippe Béchade.

Alors que le ratio capitalisation de Wall Street/PIB vient d’atteindre les 226% aux Etats-Unis (!), avec au surplus un S&P500 pesant la bagatelle de 44 000 Mds$ pour un PER record de 36,5, la question d’un arbitrage – ou même d’un simple rééquilibrage – en faveur des multinationales européennes commence à se poser.

Et pour cause : leur PER moyen oscille actuellement entre 18 et 19. Seulement voilà, l’Euro Stoxx 50, qui rassemble les 50 premières capitalisations boursières de la zone euro, ne compte pas une seule valeur du calibre des « GAFAM », dont quatre d’entre elles (Alphabet (NASDAQ:GOOGL) n’en verse jamais) s’apprêtent à distribuer plus de dividendes que l’ensemble des valeurs du CAC40.

Ces mêmes GAFAM ont en moyenne doublé leur valeur l’an passé, permettant à l’indice élargi américain de pulvériser de 25% le précédent record absolu du 20 février 2020. De son côté, l’Euro Stoxx 50 n’a amélioré le sien que de 4% et il a fallu attendre le 28 mars pour effacer le précédent zénith des 3 865 points. Par ailleurs, l’indice européen n’affichait au 3 mai dernier que 1% de « bonus » par rapport à son record de fin février 2020 et la cassure du récent plancher des 3 940 points (suivi d’une clôture à 3 925 points) laissait craindre qu’il s’évapore en l’espace de vingt-quatre heures.

Toutefois, le rebond de 2% observé hier et le retour de l’indice au-dessus des 4 000 points sont venus invalider la cassure des 3 940 points, laquelle avait été accompagnée de gros volumes.

Le « verbe magique » de Janet Yellen
Le signal baissier cochait toutes les cases sur la plupart des indicateurs techniques, mais c’était sans compter sur le « verbe magique » de la Secrétaire au Trésor Janet Yellen, qui a expliqué qu’au fond, elle ne souhaitait, ni ne recommandait aucune hausse de taux… D’autant que ce n’est pas de son ressort eu égard au fait que la FED est officiellement indépendante.

Grâce à elle, l’adage « payer tous les creux » – même infimes ! – s’est une fois de plus vérifié, et l’Euro Stoxx 50 n’aura finalement lâché que 2,5% par rapport à son zénith du 15 avril dernier (ou du 28 avril en intraday) et repris 2% en à peine quelques heures hier pour se retrouver à moins de 0,7% de sa meilleure clôture (4 033 points) du 16 avril.

Nous savons depuis 2017 que les banques centrales et la Maison-Blanche s’opposent par tous les moyens à une amorce de consolidation, mais cela prend une tournure obsessionnelle depuis mi-mars 2020. D’aucuns en déduiront logiquement que les seuls signaux techniques fiables sont les signaux haussiers, mais en fait, n’importe quelle configuration, n’importe quelle succession de bougies tracées au hasard est désormais haussière.

Reste que depuis jeudi dernier, le marché semble passer en quelques heures de « panique à la baisse » à « fear of missing out », ce qui n’est pas la caractéristique première d’un marché serein… Moyennant quoi, un nouveau repli sous 3 925 points serait cette fois suivi d’un comblement du « gap » des 3 833 points du 24 mars puis du test du palier des 3 800 points.

Un banquier central (pas de machisme dans cette formulation, cela inclut aussi Christine Lagarde) ne manquera pas de rappeler que l’inflation ne sera que transitoire, que la planche à billets continuera de tourner à plein régime et toute la question sera de déterminer si pour s’en aller tester les 3 800 points, les marchés auront cessé de croire aux mantras anti-inflationnistes de la FED et de la BCE.

Il ne resterait alors guère d’autre espoir qu’une grosse « rotation » des portefeuilles de géants comme Blackrock, Vanguard, Citadel, JPMorgan (NYSE:JPM) au profit du Vieux Continent, sauf que leur stratégie consiste depuis des années à vendre l’Europe pour soutenir Wall Street.

En changer, alors que les Etats-Unis vont croître presque deux fois plus vite que l’UE en 2021, ce serait donc une véritable révolution.

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