Faillite de Sears, que restera-t-il pour les obligataires ?

Publié le 16/10/2018 13:44

Autrefois numéro un de la distribution aux Etats-Unis, Sears Holdings a dû se résoudre à se placer sous la protection de la loi américaine sur les faillites, une disposition qui lui permet de poursuivre ses activités et de se redresser à l’écart de ses créanciers.

Après la société spécialisée dans la vente de jouets Toys’R’Us il y a quelques mois, c’est une autre enseigne emblématique qui met la clé sous le paillasson, victime elle aussi de la concurrence féroce du commerce en ligne.

Ironie de l’histoire, Sears était en quelque sorte l’Amazon (NASDAQ:AMZN) de l’avant-guerre, lui qui a compté jusqu’à 4.000 magasins aux Etats-Unis et qui expédiait ses célèbres catalogues sur l’ensemble du territoire.

Mais alors que la Sears Towers sortait de terre en 76 à Chicago, devenant au passage le plus grand gratte-ciel du monde, les difficultés allaient apparaître quelques années plus tard, avec l’émergence de retailers agressifs comme Wal-Mart (NYSE:WMT), Target ou Kmart.

Par la suite, la désaffection des centres commerciaux, conjuguée à la concurrence accrue des acteurs en ligne, allaient sonner le glas pour l’enseigne.

Ces cinq dernières années, sous la coupe d’Eddie Lampert, qui a injecté plusieurs milliards de dollars, Sears s’est bien efforcé de redresser sa situation financière, en réduisant ses coûts, fermant des magasins et cédant des biens immobiliers. Sans succès pour le groupe qui a accusé 24 trimestres consécutifs de baisse de son chiffre d'affaires.

Ce lundi, Sears s’est donc placé sous la protection du chapitre 11, relatif aux faillites, ce qui va lui permettre de poursuivre ses activités à l’abri, au moins un temps, de la pression de ses créanciers.

En effet, durant une période de plusieurs mois, l'entreprise se protège contre les demandes de ses créanciers, repousse ses échéances, et conserve la pleine possession de ses actifs. Cela permet ainsi à l'entreprise de poursuivre son activité sans crainte de voir ses actifs saisis.

Dans ce cadre, après avoir déjà fermé 358 points de vente l’année passée, Sears a annoncé la fermeture de 142 autres points de ventes d’ici à la fin de l’année. Eddie Lampert a lui cédé son poste pour ne plus être que président du conseil d’administration.

Qu’advient-t-il pour les obligataires ?

En ce qui concerne la dette de Sears Holdings, son passif se monterait à plus de 11 milliards de dollars, pour un peu moins de sept milliards d’actifs. Un passif constitué notamment de dettes obligataires, dont un emprunt qui devait être remboursé ce lundi 15 octobre. Or, incapable d’honorer ce remboursement, Sears s’est placé en état de faillite pour cette raison.

Pour les obligataires, la nouvelle est donc amère. Que peuvent-ils attendre aujourd’hui ? Une chose est sûre, l’obligation ne sera pas remboursée à 100% du nominal.

Ils devront attendre la fin du processus de liquidation de la société, dont la vente d’actifs, immobiliers entre autres. Une fois le démantèlement bouclé, ce qui peut prendre un certains temps, s’il reste de l’argent, une partie sera allouée aux créanciers.

C’est ce qui explique d’ailleurs le fait que l’obligation qui devait être remboursée ce lundi continue de s’échanger sur le marché secondaire, à un cours avoisinant les 20% du nominal. Manifestement, les investisseurs qui se positionnent à l’achat aujourd’hui espèrent recevoir davantage que ce prix à l’issue du démantèlement, ou tout simplement de réaliser une plus-value en cas de variation des prix entre-temps.

Ce serait notamment le cas du célèbre investisseur américain Carl Icahn. Dans un entretien accordé à CNBC ce lundi, le milliardaire a expliqué examiner certaines obligations « qui pourraient être intéressantes ».

On précisera qu’étant donné le statut de défaut de l’émission, et que les coupons ne seront pas honorés, il n’y a plus d’intérêt couru à débourser pour se positionner sur les obligations Sears Holdings encore en circulation, ce que l’on appelle en jargon financier « flat trading ».

Faillite de Sears, que restera-t-il pour les obligataires ?

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